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À Lyon, l'assassinat choc d'un grand-père par sa petite-fille : un procès qui soulève les questions de la fin de vie

2024-10-02

Contexte de l'affaire

Une jeune femme de 32 ans, Emilie G., est en procès devant la cour d'assises du Rhône pour l'assassinat de son grand-père, Manuel D., âgé de 95 ans. En août 2020, elle a été accusée d'avoir mis le feu à son lit médicalisé, justifiant son acte comme une sorte d'"euthanasie".

Les délibérations du procès

Le dilemme auquel les jurés sont confrontés est monumental : s'agit-il d'un assassinat froid ou d'une tragédie humaine, d'un acte désespéré face à la souffrance d'un proche en fin de vie? Ce procès se déroule les 2 et 3 octobre 2023, et l’issue pourrait avoir des répercussions significatives sur le débat autour de l’euthanasie en France.

Les circonstances de l'incendie

Le 23 août 2020, la fille de Manuel a découvert avec horreur son père sur son lit médicalisé, le corps à moitié carbonisé. Installé en Espagne jusqu'à sa mauvaise chute, il avait emménagé avec sa fille à Saint-Laurent-de-Mure, près de Lyon, pour être pris en charge. Le nonagénaire, qui souffrait de troubles de la mobilité et était décrit comme ayant un caractère difficile, passait ses journées en position fœtale, exprimant à plusieurs reprises son désir d'en finir avec la vie.

Éléments entourant le drame

Des éléments troublants entourent le drame : au moment des faits, la fille de la victime et son époux étaient absents, délaissant leur père pour une rare sortie. En rentrant, ils découvrent une scène d'horreur, avec des fumées noires s'échappant de la chambre. Les enquêteurs n'ont pas tardé à conclure que l'incendie n'était pas accidentel ; du carburant a été retrouvé dans la chambre, ainsi qu'un bidon portant l'ADN d'Emilie.

Le témoignage d'Emilie G.

Emilie a admiré la relation qu'elle entretenait avec son grand-père, qui l'a élevée jusqu'à l'âge de six ans. Lors de son audition, elle a révélé ses désirs de mort, signalant qu'il lui avait demandé de transmettre à sa mère qu'il voulait une pilule pour ne plus se réveiller. « C'est quand que ça s'arrête, je n'en peux plus », aurait-il déclaré à plusieurs reprises, plongeant ainsi la jeune femme dans une spirale de culpabilité et de désespoir.

Les actions d'Emilie le jour de l'incident

Le jour de l'incident, elle était en route vers un fast-food avec ses enfants mais s'est arrêtée chez ses parents en sachant qu'ils n'étaient pas là. Ses actions ont été décrites comme des réflexes désespérés, jetant de l'essence sur le matelas avant d'y mettre le feu, tout cela dans l'idée de soulager son grand-père de sa souffrance. Un psychiatre a noté une altération de son discernement, soulignant la profondeur de l'attachement à son grand-père. Cependant, la position centrale qu'elle prenait dans ses décisions incite les procureurs à l'accuser de meurtre.

Le débat éthique sur l'euthanasie

L'inquiétude grandit au sein du public alors que ce procès soulève des débats cruciaux sur la question de l'euthanasie et de la souffrance au sein de la famille. Une journée sombre, témoignant non seulement de la tragédie personnelle d'une jeune femme, mais aussi de la lutte plus large pour la dignité à la fin de la vie. La société française doit-elle se pencher sur une législation sur l’euthanasie? Alors qu'Emilie fait face à la réclusion criminelle à perpétuité, la question des droits de chacun en matière de fin de vie revient au premier plan des considérations éthiques.