Divertissement

À Paris, Apichatpong Weerasethakul plonge le Centre Pompidou dans un sommeil onirique

2024-10-07

Auteur: Jean

Une étrange ambiance règne au Centre Pompidou, à Paris, où les visiteurs semblent être sous l'emprise d'images et de sons envoûtants. Il est bien réducteur de ne qualifier l'œuvre d'Apichatpong Weerasethakul, cinéaste thaïlandais né en 1970 à Bangkok et lauréat de la Palme d'Or en 2010 pour Oncle Boonmee, que par le terme « cinéma ». Cette rétrospective intégrale de sa production, intitulée « Des lumières et des ombres », se tient jusqu'au 6 janvier 2025 dans ce temple de l'art contemporain et s'inscrit dans le cadre du Festival d'automne, montrant une diversité d'approches telles que les installations et la réalité virtuelle.

Weerasethakul, qui est souvent appelé affectueusement « Joe » par ses amis, nous invite à un voyage sensoriel à travers ses films emblématiques comme Tropical Malady (2004) et Memoria (2021), tourné en Colombie avec Tilda Swinton. L'exposition « Particules de nuit » se déroule dans l'Atelier Brancusi, une pièce plongée dans l'obscurité où ses vidéos intimes, proches du rêve, s'entrelacent et appellent à la réflexion.

La déambulation dans cette exposition se transforme en une promenade mémorielle, où des souvenirs d'enfance, des mythes de réincarnation et des récits sur les conflits armés se mêlent à des sons de la jungle, une caractéristique incontournable de l'univers de Weerasethakul. Les images capturées sont à la fois fascinantes et troublantes : un soldat endormi adossé à un arbre, une femme en plein rêve, et un vieil homme sous dialyse, écho à la mémoire du père du réalisateur.

La performance en réalité virtuelle, intitulée A Conversation with the Sun, nous propulse littéralement au-delà du sol, évoquant l'idée de réincarnation et de transcendance. En regardant au loin, nous réalisons que même dans la quiétude du sommeil, la lumière joue un rôle essentiel. Le singe fantôme d'Oncle Boonmee, réincarnation d'un fils perdu, résonne dans cette expérience immersive : « Trop de lumière, je ne peux pas voir. »

Cette exposition ne se limite pas à l'art visuel; elle nous plonge dans un état d'éveil créatif, faisant réfléchir sur notre propre existence au milieu de ces récits oniriques. Ne manquez pas l'occasion de découvrir cet univers fascinant et d'explorer comment le cinéma peut transcender les limites de la perception.