La polémique s'intensifie à Lyon, ville natale de l'abbé Pierre, suite à de graves accusations d'agressions sexuelles qui ont conduit la municipalité à annoncer, le 19 septembre, son désir de « retirer » son nom de l'espace public. La récente décision a eu des répercussions directes sur la Fresque des Lyonnais : son portrait symbolique vient d'être dégradé.

Le lundi 30 septembre, un journaliste de l'Agence France-Presse (AFP) a observé que le mot « violeur » avait été tagué en lettres capitales, et que de la peinture rouge bloquait les yeux de l'abbé Pierre sur la fresque. Ces dégradations se sont produites au cours du week-end, avec un bandeau rouge appliqué dès le samedi et le mot inacceptable inscrit dans la nuit de dimanche à lundi. Après ces actes de vandalisme, la moitié supérieure du portrait a été recouverte par une grande affiche grise, témoignant de la réaction immédiate des responsables.

La situation a suscité un vif débat au sein de la population et a été source d'indignation. Un comité citoyen doit prochainement se réunir pour décider du destin de la représentation de l'abbé Pierre sur la fresque. Une affichette postée sur la mur indiquait : « Suite au rapport de l'enquête sur les violences sexuelles commises par l'abbé Pierre, des décisions seront prises sur sa présence sur cette fresque. » Il est essentiel de rappeler que la coopérative CitéCréation, qui est en charge de cette fresque emblématique, a pris la décision de recouvrir les tags en collaboration avec la mairie de Lyon.

La Fresque des Lyonnais, un chef-d'œuvre visuel sur un bâtiment de six étages, met en lumière des figures emblématiques de l'histoire locale, comme le chef Paul Bocuse et l'écrivain Frédéric Dard. Cependant, la présence de l'abbé Pierre, ancien symbole de la lutte contre le mal-logement et ses actions humanitaires, suscite aujourd'hui une controverse sans précédent. Alors que plusieurs villes en France ont déjà décidé de débaptiser des lieux ou monuments en l'honneur de l'abbé Pierre, la fresque reste pour l'instant un point de tension.

La réponse de la ville de Lyon a également été marquée par une certaine compréhension. Dans une déclaration à l'AFP, la mairie a exprimé sa compréhension pour l'impatience grandissante de la population face aux révélations concernant l'abbé Pierre, tout en regrettant les actes de dégradation sur la fresque. En effet, environ 150 lieux en France portent le nom d'abbé Pierre ou Henri Grouès, montrant l'ampleur de son héritage qui est désormais remis en question à la lumière de ces accusations.

Il est à noter que ces événements sont survenus dans un contexte plus large, où des personnalités publiques sont de plus en plus scrutinées pour leur comportement. La question de la réévaluation de l'héritage de figures historiques ou contemporaines n'a jamais été aussi pertinente. Que se passera-t-il pour l'abbé Pierre ? Seul le temps nous le dira, mais la visibilité de cette situation promet d'alimenter des débats essentiels sur l'héritage, la mémoire et les valeurs morales de notre société.