Bernard Arnault a vivement défendu sa position lors de son témoignage au tribunal correctionnel de Paris dans l'affaire de trafic d'influence impliquant LVMH et l'ancien patron du renseignement, Bernard Squarcini. Lors de son audition, effectuée le jeudi 28 novembre, Arnault a accusé François Ruffin de tenter d'instrumentaliser ce procès à des fins personnelles et politiques, tout en insinuant des motivations commerciales.

Le procès en question examine les actions de Bernard Squarcini, qui est jugé pour avoir utilisé ses connexions pour obtenir des informations sensibles pour LVMH, en particulier concernant Ruffin, alors qu'il réalisait le film "Merci Patron" sur le conglomérat de luxe entre 2013 et 2016.

Arnault a stipulé qu'il n'était absolument pas au courant des activités de surveillance menées à l'encontre de Ruffin, ni du recours à des infiltrés dans le journal Fakir, soulignant que cela était contraire aux valeurs éthiques de son entreprise. "N'ayant jamais demandé à employer de telles méthodes, je trouve tout cela complètement inacceptable," a-t-il déclaré.

En ce qui concerne le film de Ruffin, Arnault a affirmé qu'il l'avait visionné après sa diffusion et l’avait trouvé même assez amusant, ajoutant que le député était meilleur sur le plan cinématographique que sur le plan politique. Il a également pointé du doigt les critiques de Ruffin à l'encontre de LVMH, affirmant qu'elles constituaient des contre-vérités potentiellement motivées par les ambitions politiques de Ruffin, utilisant une citation de Trotski pour illustrer son propos.

Le ton est rapidement devenu tendu lorsque les avocats de Ruffin ont commencé à interroger Arnault. Ce dernier, en colère, a refusé de répondre à certaines questions, les qualifiant de "débiles". À la surprise de beaucoup, Arnault a quitté la salle des audiences sans faire de commentaire aux journalistes, laissant son avocate, Jacqueline Laffont, faire une déclaration.

Laffont a déclaré que la présentation d'Arnault avait été un succès et qu'elle démontrait son respect envers les institutions judiciaires. Elle a également souligné que la présence d'Arnault était un élément important face à une stratégie apparemment obsessionnelle de Ruffin.

De son côté, Ruffin n’a pas caché son mécontentement face à la manière dont Arnault a géré son témoignage, accusant le dirigeant de mentir sous serment et de minimiser l'importance de la justice. Pour lui, LVMH est directement impliqué dans les actions illégales d'infiltration, ce qui ne fait que confirmer l'intégrité du groupe dans cette affaire.

Lors de l'audience, une proposition inattendue a émergé : Arnault et Ruffin ont convenu de se rencontrer autour d'un café, une invitation acceptée par Ruffin, mettant en lumière un possible dialogue à venir. Cet incident renvoie au cœur même de la critique de Ruffin et à l'esprit de son film, qui cherche à éclairer les pratiques parfois controversées des grandes entreprises.