Science

Amnésie infantile : Pourquoi oublions-nous nos premières années de vie ?

2025-03-28

Auteur: Pierre

C'est un fait bien établi dans le domaine de la psychologie : la plupart des adultes ne peuvent se rappeler de souvenirs datant d'avant l'âge de 2 ans, et encore moins avant 3 ans. Cela soulève la question intrigante : pourquoi nos cerveaux semblent-ils s'effacer des souvenirs de notre enfance si précoce ?

Contrairement à une idée reçue, les bébés ne sont pas des amnésiques permanents. Au contraire, ils acquièrent des compétences à un rythme incroyable. Mais disposent-ils d'une mémoire « épisodique » fonctionnelle, c'est-à-dire sont-ils capables d'enregistrer des événements spécifiques de leur vie ? Cette interrogation complexe ouvre la voie à d'autres réflexions : la difficulté à se souvenir est-elle due à un manque d'aptitude à enregistrer des souvenirs, ou bien à une incapacité à les « récupérer » plus tard ?

Récemment, une étude fascinante, dirigée par Nick Turk-Browne, psychologue à l'Université de Yale, a apporté des éclaircissements à ce mystère. L'étude, publiée dans la revue Science, a impliqué 26 enfants âgés de 2 mois à 2 ans, qui ont été soumis à une série d'expériences conçues pour explorer leurs capacités de mémorisation.

Les résultats suggèrent que bien que les tout-petits aient la capacité d'apprendre rapidement et de stocker des informations, leur mémoire reste encore immature. La recherche a démontré que les souvenirs épisodiques, c'est-à-dire des instances précises d'événements vécus, pourraient ne pas se former avant que l'enfant n'atteigne un certain degré de développement cognitif.

En outre, des neuroscientifiques pensent que les structures cérébrales responsables de la mémoire sont encore en plein développement au cours des premières années de vie. Par exemple, l'hippocampe, une région clé pour la formation des souvenirs, continue de se développer jusqu'à l'âge adulte. Cela pourrait expliquer pourquoi nous avons tant de difficulté à accéder aux souvenirs d'enfance.

Un autre facteur à considérer est le rôle du langage dans la mémoire. Les enfants très jeunes disposent souvent d'un vocabulaire limité, ce qui pourrait entraver leur capacité à formuler des récits coherents de leurs expériences. À mesure qu'ils grandissent et développent leurs compétences linguistiques, ils commencent à créer des « narrations » de leur passé qui facilitent le stockage à long terme.

En somme, l'amnésie infantile soulève des questions fascinantes sur le fonctionnement de notre mémoire et sur la façon dont nous construisons notre identité à travers nos souvenirs. Chaque année, des recherches continuent d'éclairer ce sujet mystérieux, promettant d'en révéler davantage sur la complexité de l'esprit humain.