Le témoignage de Zohra Chnina

Le procès de l'assassinat de Samuel Paty a pris une tournure inattendue lorsque Zohra Chnina, la collégienne à l'origine de l'emballement tragique, a pris la parole pour exprimer ses regrets. La jeune fille de 17 ans, qui avait auparavant accusé son professeur d'histoire-géographie, a reconnu son implication dans la diffusion de fausses informations qui ont contribué à l'escalade de violence ayant conduit à l'assassinat tragique de Samuel Paty.

Confrontation avec son père

Le témoignage a eu lieu le 26 novembre, et cela fait près de trois ans que Zohra a été condamnée pour dénonciation calomnieuse. Elle a été confrontée à son propre père, Brahim Chnina, actuellement accusé d'association de malfaiteurs terroriste. Lors de son audition, Zohra a retracé le parcours qui l’a poussée à mentir, révélant l’influence qu'a eue la pression sociale sur ses décisions.

Le poids des mensonges

Zohra a expliqué qu'elle avait menti pour ne pas décevoir ses parents, et qu'en réalité, son exclusion du collège était due à des règles de santé, pas à une quelconque diffamation de la part de son professeur. « Mon mensonge tenait et tout le monde me croyait », a-t-elle confié, soulignant la spirale inquiétante dans laquelle elle s'est retrouvée.

Rencontre avec Abdelhakim Sefrioui

Elle a également dévoilé sa rencontre avec Abdelhakim Sefrioui, le militant islamiste qui a amplifié ses accusations. Des vidéos de ce dernier ont circulé sur les réseaux sociaux, générant un climat de haine et conduisant directement à l'attaque meurtrière contre Paty. Zohra a exprimé ses regrets, déclarant : "J'ai détruit votre vie, je me plains de pas avoir vu mon père depuis plusieurs mois, mais vous, cela fait plus de quatre ans que vous ne l'avez pas vu."

Réactions du public et des avocats

Son témoignage a provoqué une onde de choc dans la salle d'audience. Elle a présenté des excuses non seulement à la famille de Samuel Paty, mais également à tous ceux qui ont été touchés par cette tragédie. Cependant, son discours a suscité des réactions mitigées, notamment de la part des avocats de la famille de Paty, qui ont remis en question la sincérité de ses excuses, qualifiant ses déclarations d'affront. La sœur de Samuel Paty a déclaré être en colère contre la jeune fille, affirmant qu'elle n'avait pas fait le chemin du pardon.

Un procès chargé d'émotion

Le procès s'est poursuivi avec un climat tendu et émouvant. Zohra a déploré être désormais la cible de la haine et du rejet en raison de ses actions passées. Elle a déclaré avoir eu peur des répercussions de la vérité et d'avoir abusé de la naïveté de son père. Ce procès soulève des questions profondes sur la responsabilité individuelle, la manipulation et les conséquences tragiques des mensonges, et la société doit maintenant se demander comment prévenir de telles tragédies à l'avenir.