Nation

Au procès des viols de Mazan, la cour autorise la présence de la presse et du public lors de la diffusion des vidéos

2024-10-04

Lors d'une décision marquante, la cour criminelle de Vaucluse a décidé, le vendredi 4 octobre, de permettre la diffusion des vidéos et photos pendant les débats du procès des viols de Mazan en présence de la presse et du public. Ces vidéos, qui montrent les événements concernant certains des accusés, seront projetées dès vendredi après-midi à 13 h 30, selon l'annonce faite par Roger Arata, le président de la cour.

Cette révision de la position initiale de la cour a été le fruit d'un débat de près de deux heures et d'un délibéré de quatre-vingt-dix minutes, et a été saluée comme une "victoire" par les avocats de Gisèle Pelicot. Cependant, cette diffusion sera précédée d'une annonce pour permettre aux personnes sensibles et aux mineurs de quitter la salle, a précisé le magistrat. Les diffusions ne seront pas systématiques et se feront uniquement dans les cas jugés strictement nécessaires.

Auparavant, le 20 septembre, M. Arata avait jugé que ces images étaient "indécentes et choquantes" et avait décidé qu'elles ne seraient diffusées qu'en présence des parties et de la cour, ce qui avait suscité la contestation des avocats de Mme Pelicot, qui affirmaient qu'il était essentiel de confronter le public à la réalité des violences sexuelles.

Cinq jours après, les avocats ont de nouveau plaidé pour la levée de ces restrictions, soulignant l'importance du combat de Gisèle Pelicot contre les violences sexuelles. Cette bataille judiciaire visait à non seulement établir la vérité, mais aussi à briser le silence autour des abus sexuels.

Gisèle Pelicot, victime pendant une décennie de son mari et d'autres hommes, dont certains avaient été recrutés en ligne, a toujours été une voix puissante pour les survivants de violence. Le revirement de la cour a permis d’illustrer cette lutte et de donner un nouvel élan à la sensibilisation sur le sujet.

Les avocats de Mme Pelicot ont exprimé que, bien que la décision soit une avancée, elle rappelait également l’urgence d'un changement sociétal face à de telles violences. "Pour Gisèle, il est trop tard, le mal est fait. Mais si cette visibilité permet d'empêcher d'autres femmes de vivre ce qu'elle a subi, alors cela donnera un sens à sa souffrance", a déclaré Me Stéphane Babonneau.

Me Antoine Camus a ajouté que les vidéos « démolissent la théorie du viol accidentel », révélant une culture du viol systémique où le déshonneur et l'humiliation étaient au cœur des actes. Les avocats des coaccusés se sont vivement opposés à cette mesure, arguant que ces projections seraient inutiles et ne serviraient qu'à salir davantage les victimes.

Le débat autour de cette affaire souligne les enjeux sociétaux profonds liés à la perception et à la gestion des violences faites aux femmes, et pose la question de la responsabilité collective dans la lutte contre ces atrocités. Le procès des viols de Mazan continue de susciter des discussions passionnées sur la justice et la vérité, qui dépassent le cadre de la salle d'audience.