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"Aucun commerce ne tient dans les quartiers nord de Marseille : la fermeture tragique du supermarché Casino à Saint-Mauront"

2024-10-05

"Mon dieu que c'est triste !" s'exclame Djinnie en découvrant le supermarché Casino qu'elle a fréquenté durant plus de 20 ans. "Les rayons sont tous vides, on dirait la fin du monde. C'était un magasin chaleureux, familial, où l'on croisait les visages familiers du quartier lors de nos courses." Pour cette mère de famille, la déception est d'autant plus intense que le magasin, à quelques heures de sa fermeture définitive, est presque entièrement déserté. Tout a été bradé, avec des réductions allant de 50 % à 70 % pour liquider le stock. Il ne reste que quelques bouteilles de vin et d'alcools forts, quelques jeux de société, et des glaçons.

Un supermarché à taille humaine, animateur de la vie du quartier

Ce supermarché de 2.000 mètres carrés, bien que modeste, était un véritable centre de vie pour le quartier. Jean-Claude s'y rendait quotidiennement : "Je venais chercher le pain, la viande, les légumes, car il n'y a pas tout cela dans la cité des Maroniers où j'habite. J'avais également tissé des liens avec les caissières, nous avions l'habitude de discuter." Pour ce retraité, comme pour Maxime, la disparition de ce lieu de vie est une grande perte : "Il y a ici des quartiers très populaires, des usines, des gens qui travaillent et qui viennent faire leurs courses entre midi et deux. Je pensais qu'une enseigne allait reprendre ce magasin, c'est vraiment dommage."

"Les commerces ferment les uns après les autres ici", déplore Djinnie, habitante du quartier.

En effet, aucune enseigne n'a souhaité reprendre ce magasin, situé au milieu de cités souvent qualifiées de difficiles : les Rosiers, les Marronniers, La Marine Bleue. "Si personne ne veut reprendre, c'est qu'il y a des raisons. Aucun commerce ne tient dans les quartiers nord. Entre les vols et les impayés", explique Marcel, qui a fréquenté cette zone pendant 40 ans avant de partir lui aussi. Cette série de fermetures laisse les habitants avec un profond sentiment d'abandon. "Avant, nous avions de petits magasins avec une variété de services, mais maintenant nous n'avons plus rien. Les commerces ferment les uns après les autres", regrette Djinnie. "C'est la même réalité dans tous les quartiers nord, mais aussi dans le 3ème arrondissement. Avant, la Belle de Mai était le deuxième centre-ville de Marseille, aujourd'hui, tout a fermé", ajoute Bernard.

Le phénomène de désertification commerciale ne semble pas prêt de s'inverser. De nombreuses voix s'élèvent pour demander des solutions afin de revitaliser ces zones urbaines, qui souffrent non seulement d'une pénurie de commerces, mais aussi d'un manque d'infrastructures et de services de proximité. Les habitants s'interrogent : comment sauver leurs quartiers ? Les initiatives citoyennes et les projets associatifs pourraient offrir des pistes de réflexion pour redonner vie à ces espaces laissés à l'abandon. La fermeture du Casino n'est que la partie émergée d'un iceberg bien plus vaste, un cri d'alarme sur l'avenir de ces quartiers oubliés de Marseille.