Nation

Avortement : une augmentation alarmante de 3,7% des interruptions volontaires de grossesse en France

2024-09-25

En 2023, le nombre d'interruptions volontaires de grossesse (IVG) en France a atteint un chiffre préoccupant, avec une hausse de 3,7% par rapport à 2022. Selon les dernières données de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), 243 623 femmes ont eu recours à une IVG, soit 8 600 de plus que l'année précédente. Ce phénomène s'inscrit dans une tendance déjà observée en 2022, inversant ainsi la baisse significative constatée pendant les années 2020 et 2021 en raison de la pandémie de Covid-19.

L'augmentation est en grande partie due au recours croissant aux IVG médicamenteuses, principalement réalisées en cabinet médical, avec une augmentation de 10 400 de ces avortements en un an. Près de la moitié de ces IVG ont été effectuées par des sages-femmes, qui se distinguent des médecins généralistes. En 2023, par exemple, 1 183 sages-femmes ont pratiqué environ 41 000 IVG, tandis que 888 médecins généralistes n'ont réalisé que 22 500.

Le Planning familial a souligné que cette hausse du nombre d'avortements est multifactorielles. Sarah Durocher, présidente de l'organisation, a précisé que la hausse du nombre d'avortements n'est pas en soi un problème, mais elle pose des questions quant aux raisons qui poussent les femmes à ce recours. Un manque d'information sur la contraception est principalement évoqué, notamment en raison de l'absence de campagne nationale de sensibilisation depuis plus de dix ans. Durocher a également souligné l'importance d'une meilleure éducation à la sexualité, en s'appuyant sur des statistiques inquiétantes de l'OMS indiquant que près d'un tiers des adolescents déclarent avoir eu des relations non protégées.

De plus, l’accès aux soins de santé est un problème majeur, avec des délais d'attente parfois très longs pour obtenir un rendez-vous avec un gynécologue ou une sage-femme, ce qui est particulièrement problématique dans certaines zones de désert médical. Ce contexte s'accompagne d'une inquiétude économique croissante, marquée par une hausse de la pauvreté parmi les femmes et les jeunes.

Il est à noter que les IVG tardives, pratiquées après 12 semaines de grossesse, ne représentent que 10% de cette hausse. Certains facteurs récents, comme la possibilité d'effectuer des IVG médicales à domicile après une simple téléconsultation, ont également contribué à cette tendance. Environ 1 200 IVG ont été réalisées dans ces circonstances en 2023. Les femmes ont également désormais la possibilité d'avorter en ville jusqu'à sept semaines de grossesse.

Il convient aussi de mentionner que le taux de recours à l'IVG dans les Départements et Régions d'Outre-Mer (DROM) est presque deux fois plus élevé qu'en métropole, où les taux varient entre 12,4 ‰ en Pays de la Loire et 23,3 ‰ en Provence-Alpes-Côte d'Azur. À Mayotte, ce taux atteint même 19,4 ‰, et jusqu'à 48,9 ‰ en Guyane.

Cette situation soulève des interrogations sur l'accès à l'éducation sexuelle, à la contraception et sur les services de santé accessibles à toutes les femmes en France.