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Bretagne : Les Sardinières de Douarnenez, un combat historique qui a fait trembler le patronat !

2024-11-24

Auteur: Léa

Rebelles, militantes et solidaires, les sardinières de Douarnenez ont marqué l'histoire de cette ville vibrante du Finistère sud. Connue pour ses festivals colorés, notamment le célèbre carnaval des Gras, Douarnenez, ou Douarn pour les intimes, ne laisse personne indifférent. La ville, bien que confrontée à des défis comme la gentrification et le tourisme de masse, préserve son identité forte grâce à ses racines maritimes et à un patrimoine culturel riche, notamment la pêche à la sardine qui a fait sa renommée à la fin du XIXe siècle.

Revenons à l'année 1924, un tournant dans la vie des sardinières. A cette époque, plus de 2000 travailleurs étaient employés dans environ vingt sardineries, parmi lesquels trois quarts étaient des femmes. Ces femmes, surnommées Penn Sardin (tête de sardine en breton), travaillaient dans des conditions pénibles, souvent jusqu'à 18 heures par jour, manipulant sardines et entrailles. La pénibilité du travail était exacerbée par des salaires dérisoires, atteignant à peine 80 centimes de l'heure.

C'est dans ce climat d'exploitation que les sardinières ont décidé, le 21 novembre 1924, de lancer une grève. Elles se sont rassemblées, déterminées, chantant des hymnes révolutionnaires tout en défendant leur cause. Leurs revendications étaient claires : une augmentation de 45 centimes de l'heure. « C'était une grève de la misère, pour sortir de l'indignité », explique l'historienne Françoise Pencalet. Leur lutte a rapidement gagné du terrain, attirant le soutien d'hommes, marins et agriculteurs, ainsi que de figures politiques influentes, comme le communiste Charles Tillon.

Face à un patronat résistant et agressif, des briseurs de grève ont été mobilisés pour tenter de réprimer le mouvement. Les tensions ont culminé avec des affrontements violents le 1er janvier 1925, causant des blessures graves, y compris celle du maire de Douarnenez. Cependant, malgré la répression, la solidarité parmi les travailleurs n’a cessé de croître.

Après six semaines de lutte acharnée, le 6 janvier, les sardinières émergent victorieuses avec un accord signé : leur salaire est porté à un franc de l'heure, en plus de majorations pour les heures supplémentaires et de nuit. « Elles n'ont pas obtenu la totalité de ce qu'elles réclamaient, mais elles ont ouvert la voie pour les générations futures d'ouvrières », souligne Françoise Pencalet.

Le combat des sardinières de Douarnenez n'est pas qu'un épisode oublié du passé, c'est un véritable symbole de lutte et de solidarité qui continue d'inspirer aujourd'hui. Dans cette ville où le chant des sardinières résonne encore, la mémoire de leur combat demeure vivante, représentant un exemple puissant d'émancipation et de résistance des femmes face à l'exploitation. Ne ratez pas le documentaire « Le chant des sardinières » qui redonne vie à cette épopée !