Nation

Bruno Retailleau propose d'étendre la détention administrative des migrants jusqu'à 210 jours

2024-10-02

Auteur: Sophie

Dans une intervention marquante publiée dans Le Figaro Magazine, ainsi que devant les députés de la commission des lois à l’Assemblée nationale, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et membre des Républicains (LR), a clairement exprimé, le 2 octobre, son désir de prolonger la durée de la rétention administrative à 210 jours pour certains migrants en situation irrégulière.

À l'origine, la durée de détention en centre de rétention administrative (CRA) était de dix jours, instaurée en 1993. Une évolution notable a eu lieu avec la loi Collomb de 2018, qui a exceptionnellement porté ce délai à quatre-vingt-dix jours, et même jusqu'à 210 jours en cas de terrorisme. Retailleau a souligné la nécessité d'adapter la loi, en déclarant : « Lorsque le droit ne protège plus, il faut le changer. » Il a également exprimé une stricte conviction quant à la gravité des crimes sexuels, affirmant qu'il fallait traiter ces affaires avec la même rigueur qu'avec celles jugées terroristes.

Lors de son audition, il a interrogé les membres de la commission en soulignant les incohérences de la législation actuelle : « Pourquoi 210 jours pour les terroristes et pas pour ceux qui commettent des crimes sexuels ? Qui pourrait s'opposer à cela ? »

Retailleau a précisé que cette initiative nécessiterait un vote législatif pour sa mise en œuvre. Il a également annoncé qu’il demanderait aux préfets d’interjeter systématiquement appel de la libération des personnes retenues en CRA, même si cet appel n'est pas suspensif, renforçant ainsi la surveillance sur ces individus.

Ces mesures interviennent dans un contexte dramatique, suite au meurtre tragique de Philippine, étudiante de 19 ans, dont le corps a été découvert au bois de Boulogne le 19 septembre. Le suspect, qui avait déjà été condamné pour viol et placé sous obligation de quitter le territoire, avait été récemment libéré d'une détention prolongée en CRA avant le meurtre.

Bruno Retailleau a également mis en lumière les défis que représente la gestion des immigrés, citant des statistiques alarmantes sur le bilan des renvois. En 2023, la France a délivré 238 750 visas au Maroc, mais n'a obtenu qu'un faible nombre de laisser-passer pour le retour d'émigrants. Le même schéma est observé avec l’Algérie, où les chiffres de revitalisation des renvois sont tout aussi désastreux.

En outre, Retailleau a critiqué les organisations qui interviennent dans les CRA, en proposant que l'Office français de l'immigration et de l'intégration prenne en charge les services d'assistance juridique et sociale, dénonçant une situation où ces associations sont, selon lui, à la fois juge et partie.

Ces propositions de Retailleau s'inscrivent dans une tendance plus large en matière de politique d'immigration en France, alors que le gouvernement cherche à répondre fermement à la montée des préoccupations sécuritaires tout en naviguant dans un panorama politique complexe.