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Bruxelles sous pression : Un report de la loi contre la déforestation importée?

2024-10-02

C'est un véritable coup de tonnerre dans le monde de l'environnement ! La Commission européenne, face à une forte pression exercée par des lobbies, a proposé de reporter d'un an l'entrée en vigueur de la loi sur la déforestation importée, une mesure clé du pacte vert. « Reculer sur une telle loi en pleine saison des feux en Amazonie envoie un très mauvais signal », s'inquiète Boris Patentreger, directeur de l'ONG Mighty Earth. De son côté, Greenpeace dénonce une condamnation des forêts à une nouvelle année de destruction.

Prévue pour entrer en vigueur le 30 décembre 2023, cette législation vise à interdire l'importation et l'exportation de produits issus de la déforestation, tels que le cacao, le café, le soja, l'huile de palme, le bois, la viande bovine, le caoutchouc et le cuir. Les entreprises devront prouver que ces produits ne proviennent pas de terres déboisées après le 31 décembre 2020, en utilisant des données géolocalisées et des images satellites. Environ 16 % de la déforestation mondiale liée au commerce provient de l'Union européenne, montrant ainsi l'ampleur de la responsabilité de Bruxelles dans cette crise.

Le contexte de cette décision est délicat. Plusieurs pays, dont l'Indonésie, le Brésil et la Côte d'Ivoire, font pression pour suspendre l'application de ce règlement, jugé trop complexe et flou. Brasilia a dénoncé un « instrument unilatéral et punitif », opposé au principe de souveraineté.

Étonnamment, le soutien à ce report a également émergé au sein de l'Union européenne, avec l'Autriche en tête d'un groupe de pays réclamant une révision ciblée et un allongement de la période de mise en œuvre. Des secteurs comme l'agroalimentaire, l'élevage et le commerce ont également exprimé leurs préoccupations, soutenus par une vingtaine d'organisations de la filière forêt-bois en France.

Dans ce jeu complexe de négociations, le Parti populaire européen, dont est membre Ursula von der Leyen, se positionne en fervent défenseur de ces propositions de délai, s'appuyant sur le soutien de capitales influentes comme Berlin. En conséquence, la Commission a proposé de repousser l'entrée en vigueur à la fin décembre 2025 pour les grandes entreprises et à juin 2026 pour les petites entités.

Les conséquences de ce report pourraient être désastreuses pour l'environnement et la biodiversité. Les organisations écologistes redoutent que ce délai ne fasse qu'accroître la déforestation, alors que le monde fait face à une crise climatique sans précédent. Comment l'Europe pourra-t-elle préserver ses engagements face à la pression des lobbies et des États souverains ? L'avenir des forêts et de la planète est en jeu.