CAC 40 : Pourquoi cet indice français est-il à la traîne par rapport aux autres grandes bourses mondiales ?
2024-11-17
Auteur: Philippe
(BFM Bourse) - L'année 2024 est marquée par une sous-performance significative du CAC 40, qui est à peine devancé par le Kospi de Séoul, devenant le deuxième indice mondial à ne pas répondre aux attentes. Plusieurs facteurs expliquent cette situation préoccupante. D'une part, le climat politique instable, suite à la dissolution de l'Assemblée nationale en juin, a contribué à un sentiment d'incertitude sur le marché. D'autre part, les grandes entreprises du CAC 40, souvent pointées du doigt, sont également impactées par le ralentissement économique en Chine.
Une performance en déroute
Cette semaine encore, le CAC 40 a clôturé en baisse, avec une chute de 0,94 % pour la semaine, dont une journée particulièrement mauvaise enregistrant une baisse de 2,69 % - la pire depuis juillet 2023. Les tensions autour d'une possible guerre commerciale, exacerbées par les propositions de taxes douanières du président américain, n'ont fait qu'aggraver la situation, entraînant l'ensemble des marchés européens vers le bas.
La performance catastrophique du CAC 40 est d'autant plus marquée lorsqu'on la compare à d'autres indices européens, tels que l'Euro Stoxx 50 qui a progressé de 6,1 % depuis le début de l'année. Dans le même temps, le PSI à Lisbonne a enregistré un modeste gain de 0,49 %. Les indices espagnol IBEX 35 et allemand DAX 40, quant à eux, affichent des hausses respectives de 15,2 % et 14,7 %.
En regardant les marchés mondiaux, seule la bourse de Séoul souffre davantage que Paris, avec une chute de 8,8 % du Kospi. Les analystes attribuent cette morosité à la faiblesse de secteurs clés, notamment ceux liés aux équipements technologiques et à la sensibilité accrue aux taux d'intérêt.
Un climat politique incertain
L'un des principaux facteurs de cette situation est l'incertitude politique suscitée par la dissolution de l'Assemblée nationale. Avant cet événement, le CAC 40 se rapprochait de ses plus hauts historiques, mais depuis, il peine à franchir le seuil des 8 000 points. Les inquiétudes liées à l'émergence de formations politiques radicales et à d'éventuels changements fiscaux ont pesé lourdement sur la confiance des investisseurs.
Le risque politique a été aggravé par une augmentation du déficit public, dont les répercussions ont également creusé l'écart de rendement entre les obligations françaises et allemandes, un indicateur clé de la confiance du marché. Ce "spread" est passé d'environ 50 à plus de 80 points de base et stagne actuellement autour de 74 points de base.
Le secteur du luxe en difficulté
La douleur du CAC 40 est exacerbée par les difficultés rencontrées par ses grandes entreprises, en particulier celles du secteur du luxe. Ces entreprises, qui représentent une part importante de l'indice, ont souffert de la faiblesse de l'économie chinoise. Des géants comme LVMH et L'Oréal ont reporté des résultats inférieurs aux attentes, avec des chutes significatives de leurs revenus en Asie du Nord.
En analysant les performances des entreprises, les quatre poids lourds du luxe (Kering, L'Oréal, Hermès, LVMH) affichent des résultats contrastés. Hermès est le seul à enregistrer une hausse de ses actions pour 2024 (+6,5 %), tandis que Kering, L'Oréal et LVMH affichent des pertes de respectivement 44,2 %, 27,39 % et 20,1 %. Ces résultats sont également influencés par les craintes des investisseurs face aux tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, qui pourraient nuire à la demande.
Des signaux inquiétants pour l'ensemble du marché
La saison des résultats a également révélé de nombreuses déceptions. Des entreprises telles que Dassault Systèmes, Capgemini et Eurofins ont dû ajuster leurs prévisions à la baisse, tandis que STMicroelectronics a subi une chute spectaculaire de 46,6 % depuis le début de l'année. Stellantis et Airbus n'ont pas non plus échappé à la tendance, partageant des avertissements sur leurs résultats.
En conclusion, bien que plusieurs des difficultés aient déjà été intégrées par le marché, il demeure difficile de prédire l'avenir du CAC 40. Alexandre Baradez, analyste chez IG France, estime que même si la tendance pourrait s'améliorer, une nouvelle vague de nouvelles négatives en provenance de Chine pourrait encore aggraver la situation. "Pour que le CAC 40 continue à baisser, il serait nécessaire que d'autres mauvaises nouvelles émergent du marché global", conclut-il. Les investisseurs doivent donc rester sur leurs gardes dans ce climat incertain.