Santé

Cancer du sein : le tatouage comme symbole de renaissance et de guérison

2024-10-03

Nathalie souhaite redonner une nouvelle vie à son sein gauche, qui a été amputé lors d'une mastectomie à cause d'un cancer. En décembre, après plusieurs consultations préparatoires, elle se dirigera vers le salon de Joanny Verolin, L'Encre du corps, situé à Sigoulès en Dordogne, pour finaliser sa reconstruction.

C'est un moment chargé d'émotion pour cette résidente de Bergerac, qui souligne : « Il y a cinq ans, je commençais mes traitements. » Elle a opté pour un tatouage de roses pour embellir son sein reconstruit à l'aide d'une prothèse. « Le tatouage me parle plus que la reconstruction du mamelon en 3D, car cela ne me manque pas. C'est en accord avec ma nouvelle identité. »

Cette démarche représente pour Nathalie une manière de clore un chapitre douloureux de sa vie. « J'ai souvent dit que j'ai eu le 'maxi best of' des horreurs, avec la mastectomie et de nombreuses séances de chimiothérapie et de radiothérapie. Mais c'est après le traitement que l'on se retrouve souvent seul. C'est à ce moment-là que j'ai subi une légère déprime. » Même en rémission, le parcours psychologique peut s'avérer éprouvant pour de nombreuses patientes. Un tatouage sur une cicatrice peut ainsi représenter une ultime étape de reconstruction.

Transformer le traumatisme en art

Anne, la fondatrice de l'association Ink Heart Inked Scar Joy, a également vécu cette transformation avec Joanny Verolin. « Une de mes clientes estimait qu'il était inutile de reconstruire quelque chose qui n'existait plus. Elle préférait transformer la maladie en art », partage la tatoueuse de Sigoulès, engagée dans cette association qui permet aux malades d'obtenir gratuitement des tatouages sur leurs cicatrices.

Pour Joanny Verolin, tatouer des cicatrices est un processus délicat. Elle insiste sur l'importance d'un certificat médical attestant que la cicatrice est suffisamment cicatrisée avant de procéder. « Si ce n'est pas le cas, le risque d'infection est réel. » En général, il faut attendre un an, voire un an et demi, après l'opération pour envisager un tatouage. « De plus, toutes les cicatrices ne sont pas appropriées au tatouage », précise-t-elle.

Un soutien financier essentiel

Stéphanie Jousse, qui dirige Cabana Tattoo à Bergerac, souligne que son engagement dans l'association confère encore plus de signification à son art. « C'est la dernière étape de la réappropriation de son corps, et je trouve cela très puissant. » Elle a déjà travaillé sur des cicatrices de scarifications ou avec des personnes ayant subi de lourdes pertes de poids. Également touchée par la maladie d'un proche, elle participera à l'événement « Ensemble pour Octobre rose » à Sigoulès.

Cependant, se faire tatouer représente un coût important. « C'est un supplément budgétaire conséquent, ce qui explique pourquoi beaucoup n'en font pas », admet Joanny Verolin. En effet, six tatoueurs de la région, ayant rejoint l'association Ink Heart Inked Scar Joy, seront présents lors de cette manifestation qui récoltera des fonds pour l’Institut Bergonié de Bordeaux, facilitant ainsi l’accès au tatouage pour ceux qui en ont besoin.

Nathalie a eu la chance de gagner un concours organisé par Joanny Verolin, qui offrait un tatouage de reconstruction. Bien qu’elle ait des cicatrices en souvenir de son parcours, elle ne souhaite pas les cacher. « Lorsque je regarde cette cicatrice de perfusion, je me rappelle que je suis là, debout et prête à aller de l'avant. »

Ce n'est pas seulement un tatouage, mais un symbole de résilience et de renaissance. Le parcours de chaque femme après un cancer du sein est unique, mais ces histoires de tatouage rappellent que derrière chaque cicatrice, il y a une histoire de survie et de force.