La nuit du samedi 29 au dimanche 30 mars, nous allons basculer vers l'heure d'été. Ce changement, instauré en France en 1976 suite à la crise pétrolière de 1973-1974 pour économiser l'énergie, a depuis été harmonisé dans tous les pays de l'Union européenne depuis 1988. Bien que nos appareils modernes soient ajustés automatiquement, notre corps doit faire face à une véritable turbulence interne.

En avançant l'heure d'une heure, nous perdons un précieux moment de sommeil, ce qui entraîne une nécessité d'adaptation à un nouvel horaire. Ce processus de réajustement peut avoir de nombreuses répercussions sur notre bien-être.

Les conséquences sur notre horloge biologique

Notre organisme est régi par le rythme circadien, une horloge biologique située dans notre cerveau, plus précisément dans le noyau suprachiasmatique de l'hypothalamus. Ce mécanisme régule nos fonctions physiologiques sur un cycle d'environ 24 heures, influençant ainsi nos hormones, notre température corporelle, notre vigilance et notre sommeil. Lors du changement d'heure, cette horloge peut se dérégler, entraînant des conséquences notables.

Des études ont révélé que cette désynchronisation peut causer des troubles du sommeil et une diminution de la vigilance, et elle est également liée à une hausse des accidents de la route et sur le lieu de travail. De plus, certaines personnes peuvent rencontrer une augmentation du risque de dépression, d'accidents vasculaires cérébraux (AVC) et d'infarctus du myocarde.

Claude Gronfier, neurobiologiste à l'Inserm, indique que le passage à l'heure d'été est particulièrement éprouvant, car il modifie notre phase de sommeil. Cela entraîne un déséquilibre entre nos systèmes nerveux, hormonal et comportemental.

Qui est le plus touché ?

Tous les individus ne réagissent pas de la même manière à ce changement. Les enfants, les personnes âgées, les adolescents et les travailleurs nocturnes sont plus susceptibles de ressentir ces effets perturbateurs. Les enfants, dont l'horloge biologique est encore en phase de développement, peuvent être particulièrement dysrégulés. Les adolescents, ayant un rythme circadien naturellement décalé, sont aussi plus enclins à rencontrer des difficultés pour se lever tôt. Quant aux seniors, leur capacité d'adaptation diminue avec l'âge, rendant la transition plus compliquée. Les travailleurs nocturnes, dont le sommeil est souvent déjà perturbé, voient leur situation se détériorer encore davantage.

Une remise en question nécessaire

Bien que ce changement d'heure ait été initialement instauré pour des raisons économiques et énergétiques, les avancées en chronobiologie soulèvent des questions quant à sa pertinence actuelle. En 2019, le Parlement européen a voté pour l'abolition du changement d'heure, mais cette décision n'a pas encore été mise en œuvre.

Pour faciliter cette transition, il est recommandé d'anticiper en ajustant progressivement vos horaires de sommeil, en vous exposant à la lumière naturelle, et en maintenant une routine quotidienne régulière pour les repas et le coucher.

En somme, le passage à l'heure d'été perturbe notre rythme biologique et peut entraîner des troubles de sommeil et de santé, un sujet qui mérite une attention accrue à l'heure où la science nous en révèle davantage sur nos besoins naturels.