Des militants néonazis exploitent l'intelligence artificielle (IA) sur les réseaux sociaux pour traduire et mettre en scène des discours d'Adolf Hitler, leur attribuant une voix synthétique. Ces vidéos ont atteint la stupéfiante somme de 6,9 millions de vues en 2024, selon l'Institut pour le dialogue stratégique (ISD).

En plus de ces vidéos troublantes, les réseaux sociaux sont envahis par des publications qui glorifient l’iconographie nazie et minimisent les crimes d'Hitler, allant jusqu'à affirmer qu'il a été injustement vilipendé. En globalisant les chiffres sur les principales plateformes (X, YouTube, TikTok et Instagram), on comptabilise un chiffre alarmant de 50 millions de vues pour ces contenus en 2024. Aucune de ces publications ne fait mention d'un contexte historique ou des conséquences tragiques du nazisme, qui a plongé le monde dans l'effroi au XXe siècle, avec la perte de millions de vies, principalement celles de Juifs.

Objectif : captiver la jeunesse

Parmi les vidéos relayées par l'ISD, on trouve un montage d'Hitler interagissant avec des enfants, dépeignant l'Allemagne nazie comme un "endroit magique", et une image légendée "la réponse à 2024 est 1934", comparant les époques de manière déconcertante. Sur TikTok, une image de propagande où Hitler est représenté en ombre chinoise a été visionnée 145 fois avec le slogan : "Grandir, c'est comprendre qui était vraiment le méchant de l'histoire". Ce format dynamique vise à séduire un public jeune, en utilisant des méthodes de communication modernes et percutantes.

L’inaction des géants des réseaux sociaux

Concernant la modération, X (anciennement Twitter) est pointé du doigt comme le plus mauvais élève par l'ISD. Selon l'institut, "parmi toutes les plateformes, ces contenus néonazis sont les plus accessibles et les plus partagés sur X". Rien qu'en une semaine, onze publications ont accumulé 11,2 millions de vues. L'étude met également en lumière que l'algorithme de X, lorsqu’un utilisateur est exposé à du contenu néonazi, continue de lui suggérer des publications similaires, amplifiant ainsi la propagation de ces idées toxiques.

La négation de l'Holocauste : une menace persistante

La déformation et la négation de l'Holocauste restent des préoccupations majeures pour l'ONU et l'UNESCO. Un rapport publié en 2022 par le Département de la communication globale révèle qu'approximativement la moitié des contenus concernant l'Holocauste sur Telegram nient ou déforment ces événements tragiques. Sur Facebook et Twitter, ce pourcentage atteint respectivement 10 % et 15 %. "Si nous ne parvenons pas à faire face aux mensonges qui ont alimenté des atrocités par le passé, nous serons mal préparés à prévenir les horreurs similaires à l’avenir", a averti le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres.

Alors que la désinformation prolifère, il est crucial de renforcer l'éducation historique et de promouvoir une culture d'esprit critique pour contrer ces idées dangereuses qui émergent sur les plateformes de médias sociaux.