Cinq ans après la pandémie, la santé mentale en France est devenue un sujet de préoccupation croissant, comme en témoigne l'histoire de Bruno et de ses deux filles, dont la vie a radicalement changé depuis la crise sanitaire. Après avoir passé le confinement dans les Bouches-du-Rhône à profiter du plein air, les jeunes adolescentes ont éprouvé des difficultés à retourner à l'école. "La situation les a dêsocialisées, elles n'avaient plus aucun contact avec les autres", confie Bruno, un agriculteur de 63 ans. Sa fille aînée souffre désormais de phobie scolaire et a besoin d'une prise en charge dans un centre médico-psycho-pédagogique (CMPP).

Pourtant, grâce à Mon Soutien psy, lancé en juin 2024, la famille de Bruno bénéficie désormais d'une prise en charge de 12 séances par an par la Sécurité sociale, représentant une aide financière significative dans le cadre d'un suivi psychologique.

Près de 551 000 patients ont ainsi pu bénéficier de ce dispositif qui a vu le jour suite aux besoins croissants en santé mentale révélés par la crise du Covid-19. Initialement instauré par Emmanuel Macron, ce forfait permet à tout le monde, dès l'âge de 3 ans, d'accéder à des consultations psychologiques, sans nécessité d'une prescription médicale.

Malgré ses efforts, Mon Soutien psy fait face à des critiques de la part de nombreux professionnels du secteur. En effet, beaucoup refusent d'adhérer à ce système, soulignant que les 12 séances ne sont pas suffisantes pour un travail psychologique en profondeur. "Ce dispositif semble plus axé sur le court terme, laissant de côté ceux qui souffrent de problèmes psychologiques plus graves", déclare Gladys Mondière, présidente de la Fédération française des psychologues. Certaines psychologues, comme Emilie de Seine-et-Marne, se sentent injustement rémunérées pour leurs services, alors que d'autres comme Simon, un fonctionnaire territorial, rapportent que les 12 séances sont rapidement consommées.

Le ministre de la Santé a reconnu que des ajustements étaient nécessaires, notamment le renforcement des structures publiques de santé mentale, critiquant la direction que prend le système vis-à-vis des CMP et CMPP, qui devraient recevoir un plus grand soutien.

Cependant, un aspect positif de Mon Soutien psy est qu'il a contribué à transformer les perceptions de la santé mentale, notamment chez les personnes âgées, qui ont traditionnellement stigmatisé l'aide psychologique. Geoffrey Gissat, un psychologue de l'Aube, affirme que cela permet à des patients de consulter pour la première fois.

La réalité de la santé mentale aujourd'hui est complexe, mais elle incite les familles à s'ouvrir à l'importance d'un soutien psychologique, même si de nombreux défis demeurent dans le système de santé public. Bruno témoigne de ce changement auprès de ses filles, remettant en question la perception sociale de la psychologie : "Je faisais partie de cette génération qui pensait que consulter un psy était pour les fous. Maintenant je comprends que cela aurait pu m'aider à un moment de ma vie." La santé mentale est plus que jamais un sujet central en France, et des efforts sont nécessaires pour améliorer l'accès et la qualité de ce service essentiel.