
Démantèlement d'un réseau d'importation de cocaïne en Normandie : le procureur met en lumière l'évolution des méthodes de trafic
2025-04-08
Auteur: Jean
Le mardi 8 avril, lors d'une interview sur "ici Normandie", Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes, a partagé ses réflexions sur la récente mise en examen de 11 personnes dans le cadre d'un démantèlement majeur d'un réseau d'importation de cocaïne par voie maritime. Ce coup de filet a permis la saisie de 630 kilos de cocaïne, qu'un navire a larguée en mer dans ce que l'on appelle un "drop-off", technique de plus en plus utilisée par les trafiquants.
Cinq des suspects ont été placés en détention provisoire, tandis que deux personnes sont sous contrôle judiciaire. Quatre autres attendent leur audience devant le juge des libertés et de la détention. Le procureur a souligné les défis auxquels sont confrontés les enquêteurs, notamment l'identification des navires en haute mer, où des centaines d'embarcations circulent quotidiennement. "Savoir lequel est effectivement chargé de produits stupéfiants est essentiel", a-t-il déclaré.
Il a également noté que percer les milieux des marins - qu'ils soient plaisanciers ou professionnels - reste une tâche complexe. Pour ce faire, des moyens considérables ont été déployés à Ouistreham, Tancarville et Dunkerque pour intercepter simultanément l'équipage de différents navires impliqués dans le trafic.
Le procureur a révélé que, bien que le transport par conteneurs soit toujours présent, les méthodes d'acheminement de la cocaïne se diversifient face à une demande croissante. "La quantité de cocaïne à écouler pour les trafiquants a considérablement augmenté, la production ayant été multipliée par trois. Le marché américain s'étant rétréci, les cartels sud-américains redirigent leurs envois massifs de cocaïne vers l'Europe."
En effet, les trafiquants exploitent tous les moyens à leur disposition : avions, mules, valises, en plus des traditionnels conteneurs et de la technique des drop-off. Une nouvelle méthode inquiétante est également apparue : débarquer la drogue en Afrique de l'Ouest sur des côtes moins surveillées pour l'acheminer ensuite vers l'Europe par voie terrestre.
Frédéric Teillet exprime des inquiétudes croissantes concernant l'infiltration du trafic de drogue au sein des communautés de marins-pêcheurs et de plaisanciers, semblable à ce qui a été observé chez les dockers. "Le désir de gains rapides attire de nombreux individus, attirés par un argent qui, je le rappelle, n’est pas sans risques."
Ce démantèlement souligne la nécessité d'une coordination internationale accrue pour lutter contre les réseaux de trafic de drogue qui exploitent les failles des systèmes de surveillance maritime et terrestre.