Science

Des chercheurs américains en quête d'un avenir à l'étranger : le dilemme du départ

2025-04-08

Auteur: Léa

La tendance est claire et préoccupante : de nombreux chercheurs américains envisagent sérieusement de quitter les États-Unis pour poursuivre leur carrière ailleurs. L'annonce récente du départ de Jason Stanley, professeur de philosophie à Yale et spécialiste du fascisme, pour le Canada, a mis en lumière une réalité inquiétante. Les universitaires et scientifiques se retrouvent face à un choix crucial : rester dans un système qu'ils perçoivent comme de plus en plus autoritaire ou partir vers des contrées où la recherche est valorisée.

Les conditions de recherche se détériorent aux États-Unis, exacerbées par des politiques restrictives. Selon une enquête publiée par la revue Nature, plus de 75 % des scientifiques envisagent de quitter le pays, un chiffre alarmant qui témoigne d'un désenchantement profond vis-à-vis du contexte académique actuel. Les jeunes chercheurs, en particulier ceux en début de carrière, sont les plus touchés. Beaucoup d'étudiants de master et de doctorat s'interrogent sur leur avenir, préoccupés par les coupes budgétaires et la menace de censure qui pèsent sur la recherche.

Des témoignages édifiants viennent illustrer cette situation. Daniella Fodera, doctorante à Columbia, partage ses craintes suite à l'annulation de sa bourse de recherche : "Les gens ont réellement peur pour leur avenir. C'est surréaliste de ne pas savoir ce qui va se passer."

Des institutions comme celle de Johns Hopkins commencent à réduire le nombre d'admissions, ce qui complique encore davantage la situation pour les chercheurs, notamment dans des disciplines critiques comme la biomécanique et les sciences du climat.

L’appeal du Canada et de certains pays européens est de plus en plus fort. Des universités à l'étranger lancent des initiatives pour attirer ces talents précieuses. Gwen Nichols, représentante d'une association dédiée à la recherche contre les cancers du sang, indique que des chercheurs ayant des liens familiaux avec l'Europe envisagent sérieusement un départ vers des pays tels que l'Allemagne, la France ou le Canada.

Cependant, le départ à l'étranger n'est pas à la portée de tous. De nombreux étudiants et jeunes chercheurs manquent des ressources financières nécessaires pour une telle transition. Une chercheuse anonyme en sciences du climat souligne le risque pour les États-Unis de subir une perte générationnelle au niveau scientifique si la situation actuelle perdure.

"Si nous ne faisons rien, nous risquons de voir un déclin dans notre capacité d'innovation dans les dix prochaines années," avertit Gwen Nichols. Alors que la communauté scientifique américaine se débat avec des incertitudes politiques et économiques, l'impact d'un tel exode pourrait avoir des répercussions à long terme sur le leadership américain dans le domaine de la recherche.