« Des journées à même pas 60 euros, on est comme des esclaves ! » : Les chauffeurs VTC en colère à Bordeaux
2024-11-26
Auteur: Jean
Les chauffeurs VTC de Bordeaux font entendre leur ras-le-bol. « Aujourd’hui, on ne veut plus travailler avec les applications Uber et Bolt. On fait des journées à même pas 60 euros, et avec des frais de stationnement à 135 euros, c’est intenable. Je fais entre 10 et 12 heures par jour et je ne m’en sors pas. Il faut dire stop ! », s’insurge Hamid, l’un des près de 100 manifestants ayant défilé dans les rues de Bordeaux le 26 novembre dernier, à l'appel du syndicat Force ouvrière.
Les VTC, notamment représentés par Sébastien Deville, également syndiqué chez FO, ont immobilisé la circulation, bloquant le quartier du Lac, la gare Saint-Jean et l’aéroport. « Nous revendiquons simplement nos droits. Uber a augmenté sa commission de 25 % à 45 %, ce n’est pas acceptable. Un VTC ne gagne même pas le Smic s’il travaille 16 heures par jour et 7 jours sur 7 », déclare Deville, tout en ajoutant que la situation est encore aggravée par le manque d’espace de stationnement pour les VTC, qui sont souvent verbalisés.
Les chauffeurs soulignent aussi le problème de la surpopulation dans leur métier : « On est trop nombreux à Bordeaux, avec 3 000 cartes, et il n'y a pas assez de travail pour tout le monde. » Ils demandent au gouvernement d’intervenir pour réguler le nombre de chauffeurs.
La manifestation a pris un tournant inattendu lorsqu'une dizaine de chauffeurs de taxi se sont opposés aux VTC, bloquant la rue. « On protège notre gagne-pain ! S’ils gagnent, ils auront le droit de se garer avec nous ! », a déclaré un des taxis en réponse à l'agent des forces de l'ordre.
Hamid dénonce également la détérioration des conditions de travail : « La profession se dégrade à cause des changements introduits par Uber et des commissions variables. Nous avons énormément de charges – Urssaf, véhicules, carburant – et avec la multiplication des chauffeurs, le nombre de courses diminue. On est 50 chauffeurs au mètre carré, c’est invivable. »
Face à cette situation alarmante, une délégation de chauffeurs a été reçue par le directeur de cabinet du préfet, qui a reconnu l’importance d’un échange constructif. « Cela a permis d’orienter les réflexions déjà en cours au sein des services de l’État et avec les taxis. Nous avons besoin d'une solution durable qui prenne en compte les réalités du terrain », a indiqué une source proche du préfet.
Ce mouvement de protestation met en lumière une lutte plus large envers la précarisation des travailleurs du secteur, dont la voix semble de plus en plus difficile à faire entendre dans un marché saturé.