EDF investit 800 millions dans une centrale à colza en Corse : un tournant énergétique ?
2024-11-26
Auteur: Philippe
Le 22 novembre 2024, EDF a annoncé un investissement monumental de 800 millions d'euros pour construire une centrale électrique alimentée par du colza en Corse. Ce projet, situé dans la région d'Ajaccio, remplace une centrale vieillissante fonctionnant au fioul et doit entrer en service d'ici 2027. Cette initiative est saluée par certains, mais suscite également de vives critiques.
Un projet écologique : promesses et questionnements
L'objectif principal d'EDF est la réduction de l'empreinte écologique de la production d'électricité sur l'île. La future centrale du Ricanto se fixe des objectifs ambitieux :
- **75 % de réduction des émissions de dioxyde d'azote**.
- **90 % de baisse des émissions de particules fines**.
- **Suppression totale des rejets de soufre**.
De plus, la transition vers le biocarburant est présentée comme une manière de diminuer les émissions de CO2 de 300 000 tonnes par an, tout en économisant 350 000 m³ d'eau. Cependant, des groupes écologiques tels qu'Aria Linda et A Sintinella dénoncent un risque de « greenwashing », pointant des impacts négatifs potentiels sur l'agriculture locale.
Critiques sur l'approvisionnement et les conséquences agricoles
La centrale nécessitera chaque année 100 000 tonnes d'huile de colza. Si ce biocarburant est présenté comme durable, plusieurs problématiques émergent :
- **Pression sur les terres agricoles** : l'importation ou la culture de colza à cette échelle pourrait perturber l'équilibre agraire de l'île.
- **Coûts et logistique** : la production de colza local est limitée, ce qui pourrait entraîner de lourdes importations.
- **Réactions locales** : des personnalités comme Michel Fazini (CGT Énergie) saluent une modernisation requise depuis deux décennies, alors que d'autres réclament une approche énergétique plus diversifiée et ambitieuse.
Une stratégie contestée mais nécessaire
EDF souhaite garantir la sécurité de l'approvisionnement énergétique en Corse et soutenir l'emploi local. Toutefois, le financement total de 1,2 à 1,3 milliard d'euros sur cinq ans, y compris le démantèlement de la centrale du Vazzio, suscite des débats sur l'utilisation des ressources publiques.
Une avancée ou une impasse écologique ?
Si la centrale du Ricanto représente une avancée technologique, elle ne fait pas l'unanimité. Des critiques la qualifient de « compromis » et soulignent les dangers potentiels :
- **Déforestation et monoculture** pour répondre à la demande croissante.
- **Manque de transparence** sur l'origine des matières premières utilisées.
Avec l'accroissement constant des besoins énergétiques, en raison de l'augmentation des véhicules électriques et de l'électrification des ports, la collectivité de Corse doit revoir sa stratégie énergétique pour faire face aux défis à venir.
La fermeture prévue de la centrale de Vazzio en 2027 est une étape cruciale, mais la transition énergétique nécessitera une diversification des sources, incluant diversifier l'éolien, le solaire, et explorer des solutions de stockage comme des batteries. Ce projet ambitieusement vert pourrait-il réellement transformer le paysage énergétique de la Corse, ou n'est-il qu'un palliatif temporaire face à une crise environnementale plus vaste ? Restez attentifs, le débat reste ouvert !