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ENTRETIEN. "La réalité de l'antibiorésistance : un danger imminent pour notre santé !"

2024-11-19

Auteur: Chloé

Pour la deuxième année consécutive, l'alliance des cliniques indépendantes d'Occitanie, Clinavenir, organise une journée de sensibilisation sur l'utilisation appropriée des antibiotiques. Les Drs Camille Fourcade et Lydie Porte, médecins infectiologues, abordent les enjeux cruciaux de la résistance aux antibiotiques, une problématique qui prend une ampleur alarmante.

L’antibiorésistance pourrait causer la mort de 10 millions de personnes dans le monde d'ici 2050. Mais qu'est-ce que cela signifie réellement ? Quand les bactéries deviennent résistantes aux traitements antibiotiques, nous entrons dans une période où les infections autrefois curables pourraient devenir mortelles. Avec une utilisation accrue et souvent inappropriée des antibiotiques - que ce soit par une surprescription ou une méprise sur leur efficacité dans des infections virales - le risque d'antibiorésistance augmente. Si aucune mesure n'est prise, cette résistance pourrait dépasser les décès causés par les cancers et les maladies cardiovasculaires d'ici quelques décennies.

Des cas d’antibiorésistance sont déjà signalés dans les hôpitaux : "Dans notre pratique, nous sommes confrontés à des cas d'antibiorésistance trois ou quatre fois par an. Bien que la résistance aux staphylocoques ait diminué, nous observons une hausse des bactéries multirésistantes, notamment chez les voyageurs et les patients ayant utilisé d'importantes quantités d'antibiotiques," expliquent les spécialistes. Au cours d'un traitement, les coûts peuvent être astronomiques, comme le cas d'un patient nécessitant un traitement post-opératoire prolongé à 880 € par jour. Les conséquences sont préoccupantes : si le traitement échoue, les options deviennent limitées, et des infections futures pourraient ne pas être traitables.

Il est essentiel de rappeler que les antibiotiques ne sont pas toujours la solution. La France figure parmi les cinq pays européens les plus consommateurs d’antibiotiques. Une éducation ciblée est nécessaire à la fois pour les médecins et les patients, qui ont souvent des attentes inappropriées. Trop de personnes croient que des infections comme la grippe ou les rhinopharyngites nécessitent un traitement antibiotique, alors qu'elles sont causées par des virus. En réalité, seule 10 % des angines sont d'origine bactérienne, tandis que la moitié des prescriptions d'antibiotiques sont jugées inutiles.

Quant à la recherche sur des alternatives aux antibiotiques, des avancées significatives sont en cours. Des thérapies innovantes et des vaccins adaptés sont à l'étude pour lutter contre cette résistance croissante. Aider les patients à mieux comprendre ces enjeux est crucial : aller au-delà des antibiotiques pour préserver notre santé collective est plus important que jamais. Restez vigilant, car ignorer cette menace pourrait nous coûter cher dans les années à venir.