"Esclaves des Notes" : Comment les Logiciels Scolaires Créent du Stress chez les Élèves et les Parents
2024-11-24
Auteur: Julie
Les logiciels de suivi scolaire, comme Pronote, sont devenus des outils incontournables pour de nombreux parents. Juliana, mère d'une élève de 5e, témoigne : "C'est top d'avoir ça, je me connecte plusieurs fois par jour pour suivre son emploi du temps et les notes." Cette implication des parents dans la scolarité de leurs enfants était moins fréquente auparavant, mais elle n'est pas sans conséquence.
Pour Anta, 12 ans, la situation est similaire. Chaque jour, elle vérifie sa moyenne scolaire dès son retour du collège. "Ma moyenne a chuté à 12,7, alors qu'elle était à 13. J'étais choquée et un peu triste", partage-t-elle. Ce suivi constant entraîne également une pression considérable sur les élèves, qui craignent que leurs parents soient informés de leurs notes avant eux. "J'ai peur des mauvaises notes..." avoue Anta.
Les enseignants reconnaissent également les effets négatifs de cette instantanéité des résultats. Pierre Priouret, professeur de mathématiques, souligne que ces outils, bien qu'utiles, engendrent une angoisse permanente. "Les notes deviennent le centre des préoccupations, délaissant le véritable apprentissage", déplore-t-il. Claire Fortassin, professeure de philosophie, abonde dans son sens, affirmant que l'importance donnée aux résultats chiffrés déforme la relation pédagogique entre enseignants et élèves.
Cette dynamique ne se limite pas à une simple inquiétude. Les professeurs rapportent recevoir des messages de parents qui ne comprennent pas certaines notes, même avant que l'élève ait eu le temps de consulter ses copies. Pour lutter contre cette pression excessive, certains enseignants adaptent leur approche. Par exemple, Pierre Priouret choisit de ne publier les notes qu'après que les élèves aient eu l'occasion de revoir leurs copies, tandis que Claire Fortassin décide de ne pas mettre à jour les notes en temps réel.
Cette surenchère de contrôles et d'évaluations a été accentuée par la généralisation du contrôle continu, rendant les notes omniprésentes dans l'esprit des élèves. Manès Nadel, président de l'Union Syndicale Lycéenne, explique que la proximité de l'échéance de Parcoursup amplifie encore ce stress, poussant les élèves à surveiller leurs résultats de manière obsessionnelle.
Ainsi, les notes ne traduisent plus un progrès dans l'apprentissage, mais se transforment en une véritable pression constante. Cette évolution mérite un débat approfondi sur l'équilibre entre évaluation et épanouissement scolaire.