Les États-Unis ont récemment supprimé les récompenses de plusieurs millions de dollars promises pour la capture de dirigeants talibans, y compris le ministre afghan de l'Intérieur, Sirajuddin Haqqani. Cette annonce a réjoui les autorités à Kaboul, malgré la désignation continue des talibans comme "terroristes" par Washington. En plus de Haqqani, deux autres leaders du réseau Haqqani sont également concernés, un groupe connu pour sa violence dévastatrice contre les forces américaines et le peuple afghan au cours des dernières décennies.

La décision de retirer ces récompenses pourrait avoir un impact considérable sur la dynamique de pouvoir au sein des autorités talibanes. Le clan Haqqani est perçu par certains experts comme une voix "pragmatique" au sein du régime, ce qui constituerait une alternative à l'autoritarisme du chef suprême des talibans, l'Émir Hibatullah Akhundzada, qui vit toujours reclus à Kandahar. Wahed Faqiri, politologue, souligne que bien que la suppression des primes soit principalement symbolique, cela renforce la position de Haqqani comme leader potentiel au sein d'un gouvernement afghan toujours non reconnu internationalement, près de quatre ans après sa prise de pouvoir.

Le porte-parole du département d'État américain a expliqué que la politique consiste à ajuster régulièrement les primes en fonction de l'évolution des situations. Pourtant, malgré la suppression des récompenses, Sirajuddin Haqqani, Abdul Aziz Haqqani et Yahya Haqqani sont toujours déclarés comme des 'terroristes internationaux' et le réseau Haqqani demeure une 'organisation terroriste', selon le même porte-parole.

Cette décision intervient alors que les tensions entre les États-Unis et le régime taliban persistent, et que les enjeux diplomatiques en Afghanistan restent particulièrement délicats. Avec la communauté internationale divisée sur comment traiter le gouvernement taliban, des gestes comme celui-ci rendront sans doute encore plus difficile la recherche d'un consensus régional pour la stabilité de l'Afghanistan.

En conclusion, cette manœuvre politique américaine pourrait modifier la perception et le rapport de force au sein des talibans, mais elle pose également des interrogations sur l'avenir du pays et les possibilités de négociation avec un régime qui reste isolé sur la scène mondiale.