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États-Unis : L'expulsion massive des migrants illégaux risque de déstabiliser l'économie

2024-11-24

Auteur: Chloé

L'approche stricte du président Donald Trump concernant l'expulsion massive de migrants illégaux suscite de vives inquiétudes parmi les économistes. Ils alertent sur les conséquences potentielles d'une telle politique sur l'économie américaine, un pays qui compte sur cette main-d'œuvre pour faire fonctionner plusieurs secteurs essentiels.

Les secteurs de l'agriculture et du bâtiment, en particulier, se révèlent dépendants de cette main-d'œuvre, et près de 11 millions de personnes vivent actuellement aux États-Unis sans papiers, pour la plupart originaires du Mexique. Environ 8,3 millions d'entre elles étaient employées en 2022, selon le Pew Research Center, représentant environ 5% de la force de travail totale.

Le Conseil américain sur l'immigration (AIC) remarque que l'impact d'un départ massif de travailleurs sans papiers serait dévastateur. Par exemple, le secteur du bâtiment pourrait perdre un travailleur sur huit, tandis que l'hôtellerie et la restauration pourraient voir un départ sur quatorze. Des métiers spécifiques seraient encore plus touchés, avec un manque de plus de 30% chez les plâtriers, couvreurs et peintres, et de 25% pour le personnel de nettoyage.

Une diminution de la main-d'œuvre pourrait également altérer les prévisions économiques. Une étude conjointe de la Brookings Institution et de l'Institut américain de l'entreprise (AEI) prédit que l'impact sur la croissance pourrait atteindre 0,4 point de pourcentage d'ici 2025, si les menaces d'expulsion de Trump se concrétisaient.

Un tel scénario impliquerait une baisse de la production due à un manque de travailleurs, mais également une diminution de la consommation en raison de la réduction des dépenses des migrants. Les conséquences de ces expulsions pourraient également potentiellement affecter la balance migratoire du pays, faisant passer un flux net positif de 3,3 millions en 2024 à une baisse de 740 000 en 2025.

Dans un scénario extrême, qui semble peu probable selon les analystes, l'économiste du PIIE anticipe un impact de 7,4% sur la croissance d'ici 2028, entrainant stagnation économique durant tout le mandat.

Un autre enjeu majeur est l'inflation, qui pourrait augmenter de 3,5 points de pourcentage d'ici 2026, car les salaires des travailleurs américains devraient également croître en réaction à la pénurie de main-d'œuvre. Le directeur des études économiques de l'AEI, Michael Strain, a expliqué que l'expulsion potentielle de migrants engendrerait d'importantes hausses de prix, contribuant à un climat inflationniste.

Les économistes de Pantheon Macroeconomics tempèrent cependant ces effets, suggérant que des augmentations de prix dans certains secteurs pourraient être compensées par une demande réduite dans d'autres, comme l'immobilier.

Globalement, les analystes estiment que les défis juridiques, financiers et logistiques freineront la mise en œuvre des politiques les plus radicales, ce qui se traduit par un simple ralentissement de l'immigration l'année prochaine par rapport à la période pré-pandémique. Goldman Sachs a cité un solde net positif de 750 000 par an, légèrement en dessous de niveaux d'avant la pandémie.

Le chef économiste d'Oxford Economics, Ryan Sweet, se montre prudent quant à la matérialisation des expulsions promises en campagne. Toutefois, si le gouvernement parvient à surmonter ces obstacles, l'impact économique pourrait être significatif, comme le souligne Elora Mukherjee, professeur à l'Université de Columbia : « si ces politiques sont effectivement mises en œuvre, cela aurait un impact dévastateur sur l'économie ».

La question qui se pose désormais est : les États-Unis peuvent-ils vraiment se permettre de se débarrasser d'une main-d'œuvre aussi vitale sans conséquences désastreuses sur leur économie ? L'avenir est incertain, mais les échos des décisions politiques pourraient résonner longtemps dans le paysage économique américain.