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Guerre en Ukraine : des combattants étrangers rejoignent l'armée russe, parfois contre leur gré

2024-11-27

Auteur: Léa

L'uniforme est bien russe, mais ses porteurs ne le sont pas tous. Depuis le début du conflit en Ukraine, qui dure maintenant près de trois ans, les autorités russes font face à un défi croissant : celui de l'augmentation des pertes humaines sur le terrain. Selon le Centre d'études orientales (OSW), le recrutement de combattants étrangers est devenu une solution privilégiée pour la Russie. Des mercenaires séduits par des salaires alléchants, des migrants enrôlés de force, mais également des soldats envoyés par des alliés comme la Corée du Nord, complètent les rangs de l'armée russe sur le front ukrainien.

Les autorités russes luttent contre un besoin urgent de renforcement de leurs troupes. "Des milliers de combattants étrangers ont déjà intégré les forces russes depuis le début de l'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022", indique l'OSW. Des hommes venant de pays aussi divers que Cuba, le Népal, la Syrie, la Serbie et l'Afghanistan ont été signalés, mais également des ressortissants d'Inde, du Yémen et d'Afrique centrale.

Pour les migrants, le choix est souvent cornélien : soit se battre, soit faire face à l'expulsion. La situation est tellement critique que la Russie a mis en place une série de lois l'année dernière pour encadrer l'enrôlement d'étrangers et faciliter leur accession à la nationalité russe en échange d'un engagement militaire. Ce processus a attiré des étrangers en situation irrégulière, mais selon certaines sources, certains ont été recrutés de force, se retrouvant dans l'armée sous la menace d'emprisonnement.

Des témoignages accablants révèlent également que des travailleurs étrangers se sont fait piéger par des promesses d'emplois. Par exemple, Anil Madushanka, un Sri Lankais, a été convaincu de partir en Russie pour un poste de chauffeur, mais s'est retrouvé sur le champ de bataille 50 jours plus tard. Des témoignages similaires proviennent de jeunes Indiens, attirés par des salaires élevés, qui ont été informés de leur enrôlement sous prétexte d'emplois dans des entreprises civiles.

Une mécanique particulièrement inquiétante s'est mise en place : des armées russes envoyant ces recrues au front en première ligne, les qualifiant de "chair à canon". Selon des rapports, 254 combattants étrangers ont péri entre février 2022 et décembre 2023. Cela a suscité des réactions dans leur pays d'origine : le Sri Lanka a demandé le rapatriement de ses ressortissants, tandis que le Népal a interdit à ses citoyens de travailler en Russie et en Ukraine.

Assez intriguante est la situation des Yéménites, qui sont recrutés sous l'égide des Houthis, un groupe ayant des liens avec la Russie. Beaucoup de ces recrues se sont vues promettre des contrats de travail attractifs avant d'être forcées de rejoindre les troupes russes.

De plus, la Russie a également tenté de redéployer des unités syriennes en Ukraine, espérant tirer parti de leur expérience militaire tout en réduisant ses propres pertes. La présence de mercenaires, souvent associés à des groupes d'armées privées comme Wagner, a également été rapportée. Alors que la guerre se poursuit, la Russie continue de chercher des moyens d'augmenter ses effectifs, recourant à des stratégies parfois controversées et trompeuses.