Hydrogène « vert » : TotalEnergies face à un tournant majeur
2024-11-25
Auteur: Emma
TotalEnergies et son changement de stratégie
Dans une annonce remarqué, TotalEnergies a décidé d’opérer un changement de stratégie concernant sa plateforme de La Mède, située dans les Bouches-du-Rhône. En partenariat avec Air Liquide, le groupe a présenté un projet de production d'hydrogène renouvelable ayant pour but de produire du biodiesel et des carburants aériens durables. Avec un investissement de 150 millions d'euros et une mise en service prévue pour 2028, cet effort semble prometteur pour la transition énergétique. Mais cache-t-il des renoncements plus profonds ?
Révisions des ambitions
En réalité, la firme peine à maintenir ses ambitions initiales. TotalEnergies avait misé sur un projet antérieur, Masshylia, conçu avec Engie, qui devait faire de La Mède le plus grand site de production d'hydrogène « vert » en France. Masshylia devait d'abord atteindre une capacité de 120 MW pour une production de 16 000 tonnes par an d'ici 2026. Cependant, ces objectifs ambitieux ont été considérablement revus à la baisse. La puissance installée n'excédera pas 20 MW d'ici 2029, avec une projection incertaine de 70 MW à long terme, ce qui ne devrait produire qu’environ 10 000 tonnes d'hydrogène par an. En revanche, le projet avec Air Liquide devrait générer annuellement 25 000 tonnes d'hydrogène, indiquant un vrai potentiel de production.
Les défis de la technologie électrolytique
Que s'est-il passé ? La méthode d'électrolyse, prévue pour Masshylia, a rencontré de nombreux obstacles. Le fournisseur d'électrolyseurs, la société belge John Cockerill, a connu d'importants défis opérationnels, notamment liés à l'intermittence des énergies renouvelables. De plus, la variabilité de la production a entraîné une dégradation accélérée des composants, révélant les limites actuelles de cette technologie.
Un tournant vers le vaporeformage
En conséquence, TotalEnergies a fait le choix de se tourner vers le vaporeformage de biopropane, une technique qui utilise de la vapeur d'eau très chaude pour décomposer le biopropane en hydrogène, évitant ainsi la dépendance à l'électricité générée par des sources renouvelables. Ce changement représente une réponse pragmatique aux défis technologiques, mais soulève des questions quant à l’avenir des projets d'hydrogène électrolytique en France.
Les enjeux de la filière hydrogène
La transition vers l'hydrogène « vert » est jonchée d'obstacles, et les défis sont bien réels pour les acteurs du secteur. Alors que TotalEnergies et Air Liquide explorent cette nouvelle voie, la question se pose : la filière hydrogène saura-t-elle se réinventer pour répondre aux impératifs écologiques et énergétiques ?
Les réserves de Patrick Pouyanné
Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, a également exprimé ses réserves sur la rapide montée en puissance de l'hydrogène vert, annonçant lors du Forum économique mondial que ce dernier était toujours à un “stade embryonnaire”. Par ailleurs, d'autres acteurs comme Engie ont dû ajuster leurs ambitions de production d’énergie à base d'hydrogène décarboné, reportant leurs objectifs à 2035. Dans un contexte où la lutte contre le changement climatique devient de plus en plus pressante, la question demeure : est-ce le début d'une grande désillusion pour l'hydrogène ?