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Immobilier : La lettre de motivation, la tendance illégale qui fait des vagues à Paris

2024-10-07

Auteur: Julie

La crise du logement en France atteint des sommets inédits. Les parisiens peinent à trouver un appartement convenable face à une forte demande, la scarcity des constructions récentes et la domination des locations saisonnières, comme Airbnb. Dans ce contexte tendu, les propriétaires n’hésitent plus à augmenter leurs exigences, allant jusqu’à demander des garanties financières surdimensionnées. Mais une nouvelle exigence vient aggraver le processus : la lettre de motivation pour candidater à une location. Oui, vous avez bien entendu, une lettre de motivation pour un modeste studio donnant sur une poubelle !

Cette pratique, qui semble être le nouveau rituel des jeunes locataires, s’est normalisée. Manon, 24 ans, témoigne : « J’ai dû en écrire une pour ma première location. Maintenant, je n’oublie jamais de l’inclure. » Mathieu, 22 ans, partage un sentiment similaire. Les jeunes à la recherche d’un logement en sont désormais convaincus que cette lettre est quasi obligatoire.

Les agences immobilières et certains propriétaires exigent de plus en plus cette lettre. Christophe, gérant d'une agence à Paris, confirme qu'elle est devenue courante. Le phénomène a véritablement pris de l’ampleur après la pandémie.

Cependant, il est essentiel de souligner que cette exigence est illégale. En effet, la loi ALUR, par le décret n° 2015-1437, énumère les documents que les propriétaires ont le droit d’exiger des potentiels locataires, et la lettre de motivation n’en fait pas partie. Patrice Petit, un expert en immobilier, met en lumière que cette tendance pourrait se baser sur des discriminations socio-culturelles.

La méfiance des propriétaires face au risque d’impayés et de dégradations motive parfois des demandes de plus en plus intrusives. Certains propriétaires affirment ne vouloir que le meilleur pour leurs logements, ignorant les implications légales de leurs demandes. Marcel, propriétaire de plusieurs appartements à Paris, s’indigne de ne pas avoir le droit de choisir qui habite dans ses biens : « C’est chez moi, j’ai le droit de savoir qui y vit ! »

D’autres, comme Catherine, admettent que des lettres non sollicitées peuvent influencer leur décision, remettant en cause l'intégrité du processus de sélection. Mathilde, agent immobilier, critique cette exigence, la qualifiant de « débile » et note que cela mène à une forme de discrimination déguisée.

En outre, cette pratique n’est pas exclusive à Paris. Des experts estiment qu’elle pourrait rapidement s’étendre à d’autres grandes villes françaises, comme Lyon et Bordeaux. La tension sur le marché locatif pourrait ainsi engendrer davantage de comportements illégaux et discriminatoires.

Finalement, pour les locataires, il est crucial de savoir que la lettre de motivation est une demande illégale. Les propriétaires qui persistent dans cette exigence peuvent être dénoncés aux associations telles que la CLCV ou à la DGCCRF. La lutte contre ces pratiques discriminatoires doit être une priorité pour redonner du pouvoir aux locataires dans un marché immobilier déjà très difficile.