Affaires

Impôts sur les riches : Pourquoi Darmanin et Attal sont les derniers résistants

2024-10-07

Auteur: Emma

POLITIQUE - La résistance des Gaulois modernes se manifeste encore. Nous sommes en octobre 2023, et alors que l'ensemble de la scène politique s'apprête à voter des hausses d'impôts sur les ménages les plus riches et sur les entreprises les plus profitables pour redresser les finances publiques, deux figures éminentes de la majorité, Gérald Darmanin et Gabriel Attal, se dressent contre cette tendance.

Darmanin, ancien ministre de l'Intérieur, a récemment exprimé ses préoccupations quant à un « choc fiscal » qui pourrait, selon lui, « tuer la croissance » française. Ses avertissements répétitifs, émis depuis la mi-septembre, signalent une réelle inquiétude sur les conséquences économiques d'une telle politique, notamment pour les acteurs économiques fragiles.

Gabriel Attal, quant à lui, semble adopter une approche moins radicale, mais partage des sentiments similaires. Dans une interview sur TF1, il a suggéré qu'il serait préférable d'opter pour des mesures d'économie afin de ne pas « trop alourdir le poids des impôts ». Cependant, leur position sur la question fiscale est de moins en moins en phase avec l'orientation majoritaire de leur camp.

En effet, plusieurs membres de la majorité présidentielle, y compris d'anciens élus de Renaissance comme Antoine Armand et Laurent Saint-Martin, soutiennent ouvertement ces hausses d'impôts, faisant valoir qu'elles sont nécessaires compte tenu de la situation budgétaire alarmante. De plus, le soutien inattendu du parti d'Édouard Philippe, qui a traditionnellement été sceptique quant à la taxation des plus riches, marque un tournant significatif. Laurent Marcangeli, le président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale, a même qualifié cette mesure d'« acte de justice fiscale ».

Il est donc essentiel de noter que les sondages montrent une large approbation parmi les sympathisants de Renaissance pour une augmentation de la taxations : 85 % des électeurs soutiennent des hausses pour les entreprises et 82 % pour les ménages.

Faisant face à une telle évolution, la posture de Darmanin et Attal semble de plus en plus isolée. Leur défense d’une approche de « l’offre », un modèle basé sur des baisses d'impôts généralistes qui promettent un effet de ruissellement vers les couches les plus vulnérables de la société, est menacée par un contexte budgétaire difficile et de nouvelles réalités économiques.

Gérald Darmanin a récemment rappelé les réussites passées en matière d'emploi dans sa région, arguant que cette stratégie avait permis de réduire le chômage de manière significative. Pourtant, au milieu d'un déficit budgétaire grandissant et d'une dette qui s'envole, la majorité trouve difficile de justifier une position antagoniste sans risquer de miner son propre bilan.

Dans ce climat politique tendu, les deux anciens ministres semblent s'accrocher à leurs convictions plutôt qu'à un projet qui pourrait les forcer à admettre une rupture avec la ligne historique de leur gouvernement. La question demeure : jusqu’à quand cette résistance durera-t-elle face à des appels de plus en plus pressants pour un changement dans la fiscalité, et quel en sera l'impact sur l'avenir politique de Darmanin et Attal?