"Je suis devenue l'avocate du diable" : Beatrice Zavarro défend un Dominique Pelicot controversé lors du procès des viols de Mazan
2024-11-27
Auteur: Julie
"Bien malgré moi, depuis le 2 septembre, je suis devenue l'avocate du diable." C'est ainsi que Béatrice Zavarro, avocate marseillaise, a commencé sa plaidoirie dramatique le 27 novembre, jour d'anniversaire de son client, Dominique Pelicot, le principal accusé dans l'affaire des viols de Mazan. A son arrivée, elle a noté le hasard du calendrier, alors que le procureur avait également fait entendre ses réquisitions impressionnantes quelques heures plus tôt. Dans une salle d'audience pleine à craquer, elle se sentait isolée, face à un flot d'avocats représentant les 50 co-accusés.
Malgré cet isolement, BÉatrice Zavarro a pris à cœur sa mission : défendre l'homme accusé d'avoir drogué son ex-femme, Gisèle Pelicot, de 2011 à 2020, pour la livrer à des inconnus rencontrés sur Internet. "J'assume totalement la défense de Dominique Pelicot, parce qu'il m'a fait confiance", a-t-elle déclaré avec conviction.
Lors de sa plaidoirie d'une heure et quart, BÉatrice a tenté d’humaniser son client, en évoquant son enfance marquée par un père violent qui favorisait son frère Joël, médecin. Cela dit, Dominique Pelicot a lui-même témoigné avoir été témoin de scènes de viol. L'avocate a également mentionné deux viols subis par Pelicot lorsqu'il était enfant, affirmant qu'il avait développé une personnalité marquée par des traumatismes, le faisant devenir ce qu'elle a qualifié de "pervers".
En soulignant que son client n'avait "pas de résilience", elle a écrit une vision complexe de sa personnalité. "Est-ce que le pire ennemi de Dominique Pelicot n'est pas justement Dominique Pelicot ?" a-t-elle interrogé, fournissant un aperçu nuancé de la psyché de son client.
Béatrice Zavarro a plaidé pour une évaluation minutieuse de la culpabilité de Pelicot face à une demande de vingt ans de réclusion criminelle formulée par l'accusation. Elle a ajouté que son client n'était pas le seul responsable des actes criminels. "Ne venez pas me dire qu'il exerçait un phénomène d'emprise à l'égard de ces hommes !", a-t-elle rétorqué aux juges, insistant sur le fait que les autres accusés avaient agi de leur plein gré.
Il est difficile de croire que son discours saura changer l'opinion publique qui s'est enflammée autour de ce procès sordide. En parlant de vidéos troublantes où les agressions ont été filmées, elle a insisté sur le fait que Pelicot avait voulu être arrêté, se présentant à plusieurs reprises comme "un homme perdu".
Confrontée à des preuves accablantes, l'avocate Zavarro a finalement exprimé une forme de compassion envers Pelicot, en tentant de rappeler à la cour qu'en dépit de ses crimes, il a aussi été une personne aimante par le passé, en disant à la famille : "Gardez en tête ce premier Dominique, celui qui vous a choyé et profondément aimé." Une défense à la fois controversée et profondément humaine qui pourrait faire couler beaucoup d'encre dans les jours à venir.