POLITIQUE - Les vieux démons de Jean-Marie Le Pen ont refait surface. Le patriarche de l'extrême droite, connu pour avoir fondé le Front national, a été filmé le 28 septembre dernier à son domicile à Rueil-Malmaison, en train de chanter avec des membres d'un groupe de rock néonazi, baptisé Match Retour. Ces images, révélées par le site d'investigation Mediapart, ont immédiatement suscité une vague d'indignation au sein de la classe politique.

Ce moment particulier coïncide avec le procès de Jean-Marie Le Pen concernant l'affaire des assistants parlementaires, pour laquelle il est mis en examen pour détournement de fonds publics. À 96 ans, il a été jugé inapte à se défendre en justice selon des certificats médicaux qui attestent d'une altération de ses facultés cognitives. Toutefois, la question se pose : comment un homme jugé inapte peut-il se retrouver à chanter avec des néonazis ?

La vidéo laisse peu de place au doute. Le Pen entonne avec entrain la chanson "Fanchon", très prisée par ceux qui regrettent l'Ancien régime, la main sur le cœur et sans sembler avoir oublié les paroles. Ce spectacle soulève des interrogations sérieuses sur son état réel : "Une altération des facultés cognitives empêcherait Jean-Marie Le Pen de se défendre dans ce procès crucial. Pourtant, ces images semblent contredire cette évaluation", déclare Arnaud Saint-Martin, député de La France Insoumise.

Un moment encore plus troublant de la vidéo montre Jean-Marie Le Pen sourire alors que ses compagnons interprètent une chanson écrite spécialement pour lui, dont le refrain évoque des propos controversés tenus par le fondateur du FN par le passé. Ce chant se termine par un appel à "Jeanne au secours!", un écho aux déclarations de Le Pen en 2015.

Les révélations de Mediapart n'ont pas seulement provoqué une onde de choc, elles mettent également en lumière des inquiétudes profondes concernant les liens entre le Rassemblement National et des groupes d'extrême droite : "Ce groupe néonazi a été accueilli chez Le Pen, qui semble continuer de flirter avec ses racines”, dénonce Raphaël Arnault, un député LFI.

Au milieu de cette tempête, Marine Le Pen, informée des rumeurs, a annoncé son intention de porter plainte pour « abus de faiblesse » contre le groupe néonazi et les personnes impliquées dans l'incident. Elle a déclaré que son père avait été mis dans une position préjudiciable. Sur les images, Jean-Marie Le Pen, souriant, est assis dans son fauteuil, entouré de sa femme Jany Paschos-Le Pen et de Thomas Joly, président du Parti de la France, un mouvement nationaliste. Dans une interview, Joly a tenté de minimiser l'événement, le qualifiant de "visite amicale dans un cadre strictement privé".

Cet incident soulève la question brûlante de la continuité des idées d'extrême droite en France, et le débat semble loin d'être clos. Alors que la France se dirige vers des élections importantes, ces événements pourraient avoir un impact significatif sur la perception du RN et la dynamique politique du pays. S'agit-il d'un simple incident isolé ou d'un signe inquiétant d'un retour à des idéologies contestées? Les Français doivent-ils s'inquiéter de cette résurgence de l'extrême droite?