Justice contre Utopia 56 : Une enquête sur la diffusion de fausses informations concernant les migrants
2024-11-29
Auteur: Léa
L'association Utopia 56, connue pour son aide aux migrants, se retrouve aujourd'hui sous le feu des enquêtes judiciaires. Le parquet de Boulogne-sur-Mer, ainsi que ceux de Rennes et Saint-Omer, ont ouvert des enquêtes pénales suite à des accusations qui pèsent sur ses membres concernant une supposée diffusion de « fausses informations » pouvant entraîner des interventions inutiles des services de secours.
En juillet et septembre 2023, des signalements relatifs à des appels d'Utopia 56 ont été transmis au parquet par le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord. Selon ce dernier, des membres de l'association auraient alerté les secours pour des urgences douteuses ou inexistantes, créant ainsi un désordre sur le terrain. Lors d'une conférence de presse en février, l'ancien préfet maritime, Marc Véran, avait déjà dénoncé des pratiques similaires qui profitent à des passeurs.
L'enquête du parquet de Rennes se concentre sur un incident du 4 août, où un bénévole aurait rapporté que des migrants étaient victimes de violences policières, tout en déclarant qu'un enfant était en danger. Pendant ce temps, l’enquête de Saint-Omer vise un post sur X (anciennement Twitter), où Utopia 56 accusait des policiers d’avoir incendié une embarcation de migrants. Le préfet du Pas-de-Calais a vigoureusement démenti ces allégations, qualifiant les déclarations de l'association de « fausses ». Il a expliqué que c’était les migrants eux-mêmes qui avaient mis le feu à leur embarcation après une altercation.
Ce n’est pas la première fois que les autorités réfutent les déclarations d'Utopia 56. En mai 2023, la préfecture avait déjà contredit l'association sur un autre incident où les actions policières avaient été qualifiées de « gazage » de migrants.
À l'appel du Figaro, Yann Manzi, fondateur d'Utopia 56, se défend face aux accusations : « Nous étions témoins de situations d’urgences, et c’est notre devoir d’agir. Nous ne faisons que notre travail sur le terrain. » d'écrire. L'association, créée en réaction aux tragiques événements comme la mort du petit Aylan en 2015, compte aujourd'hui près de 18 000 adhérents et plus de 200 bénévoles mobilisés chaque jour.
Cependant, Utopia 56 est aussi critiquée pour sa proximité avec certains milieux radicaux, comme l'évoque une note des renseignement en 2021. Des membres auraient potentiellement des liens avec des réseaux de passeurs, ce qui soulève des questions sur leurs réelles intentions.
L'association a également porté plainte à plusieurs reprises contre les autorités, notamment pour homicide involontaire après la mort tragique de migrants en décembre 2022. Malgré ces accusations et tensions, Utopia 56 continue de s’impliquer dans l’aide auprès des migrants au péril de répondre à la légalité de ses actions. La situation soulève un débat enflammé sur les responsabilités des associations de soutien face aux dispositifs de contrôle des frontières. Que se passera-t-il si la justice établit des liens solides entre Utopia 56 et les passeurs? La réponse à cette question pourrait avoir des conséquences majeures sur la perception publique et le futur de l'organisation.