Dans l'ère numérique, la location de voitures a pris une nouvelle dimension grâce à des plateformes innovantes, un peu comme le concept de Airbnb. Environ une quinzaine d'années après leur apparition, ces plateformes offrent aux particuliers et aux professionnels la possibilité de mettre en location leurs véhicules, rendant l'accès à la voiture plus flexible et économique pour les utilisateurs. En moyenne, louer une voiture par ces sites est deux fois moins cher que dans des agences traditionnelles.

Un secteur en pleine expansion

Actuellement, Turo et Getaround dominent le marché mondial de la location de voitures. Turo revendique plus de 3 millions d'utilisateurs dans le monde tandis que Getaround se positionne comme le leader sur le marché européen, avec 500 000 utilisateurs rien qu'en France. Ce phénomène de concentration dans le secteur des plateformes, où un ou quelques acteurs dominent, est souvent appelé « Winner Takes All ». Il a entraîné l’absorption de nombreuses start-ups françaises par ces géants.

À l'origine de cette initiative, certaines petites entreprises françaises, comme CitizenCar, avaient un enjeu environnemental. Leur objectif était de réduire le besoin d'acheter une voiture. Cependant, paradoxalement, ces plateformes semblent encourager l'achat de véhicules, les propriétaires formant parfois des flottes importantes de voitures destinées à la location.

Un modèle économique controversé

Les fondateurs de Turo et Getaround, bien que visionnaires, ne sont pas particulièrement reconnus pour leur conscience environnementale. L'expérience utilisateur varie considérablement, et de nombreux témoignages sur des forums évoquent des locataires déçus par des véhicules en mauvais état, allant jusqu'à des situations dangereuses.

Par exemple, un utilisateur a rapporté avoir failli se tuer après avoir perdu le contrôle de son véhicule sur une route de campagne en raison de défaillances mécaniques. D'autres, comme Ida, ont également connu des pannes sur l'autoroute, évoquant des voitures en « épave » qui peuvent mettre la vie des locataires en danger.

Un manque de régulation

Les plateformes, tout en promettant que tous les véhicules sont sûrs et en bon état, ne vérifient souvent pas l'état des voitures proposées. Cette situation canalise de nombreuses critiques, notamment sur la responsabilité en cas de dommages. Tandis que Getaround dispose d’un service d’expertise pour évaluer les litiges, Turo laisse les utilisateurs gérer directement avec les propriétaires, ce qui peut entraîner des abus et des plaintes récurrentes.

Certaines plateformes, comme Getaround, ont été critiquées pour des pratiques de relance agressives vis-à-vis des utilisateurs contestataires, qui se sont vus menacés de paiements injustifiés. Cette pression psychologique a conduit à un climat de méfiance parmi les utilisateurs.

Des systèmes de sécurité défaillants

Un autre problème majeur concerne les systèmes de sécurité des véhicules. Le dispositif de verrouillage connecté, censé protéger les voitures, a pu être contourné par des voleurs, comme l'a constaté Paul, propriétaire de plusieurs véhicules sur Getaround. Il s'est vu dépouillé de sa voiture sans effraction visible, ce qui soulève des questions sur l'efficacité de ces technologies.

Les témoignages d'anciens propriétaires soutiennent également cette mise en garde contre les dispositifs de sécurité. Plusieurs auraient même fait l'objet de vols, avec des véhicules retrouvés dans des conditions déplorables dans d'autres pays.

Conclusion

Au-delà des risques pris par les utilisateurs, il y a un appel croissant à la régulation stricte de ces plateformes afin d'assurer une sécurité accrue et un meilleur contrôle de la qualité des véhicules loués. Dans un contexte où de nombreux propriétaires réfléchissent à des poursuites légales, un changement de paradigme dans ce secteur semble inévitable pour protéger les consommateurs et rétablir la confiance.