Monde

La nouvelle diaspora russe s'unit contre Poutine à Berlin

2024-11-18

Auteur: Jean

« La défense des droits de l’homme en Russie demeure très active. Ils ont tenté de détruire Memorial, mais c’est un échec », déclare Oleg Orlov, l’un des principaux opposants russes, lors d'une manifestation qui a eu lieu le 17 novembre près de Potsdamer Platz, à Berlin. Des centaines de Russes en exil, emmitouflés dans leurs manteaux d'hiver, s'étaient réunis pour exprimer leur mécontentement face au régime de Vladimir Poutine et à son offensive en Ukraine.

Oleg Orlov, coprésident de Memorial, une ONG co-lauréate du Prix Nobel de la paix 2022 qui a été dissoute par les autorités russes, vit à Berlin depuis sa libération en août 2024, à l'issue d'un échange de prisonniers. La manifestation, organisée à l'initiative de trois figures éminentes de l'opposition russe en exil — Ioulia Navalnaïa, Ilia Iachine et Vladimir Kara-Mourza — a attiré, selon les estimations de la police, jusqu'à 1 800 personnes qui ont défilé dans le quartier de Mitte, de Berlin, jusqu'à l'ambassade russe.

« Beaucoup en Europe n’ réalisent pas que la victoire de Poutine en Ukraine serait une défaite pour l’Europe elle-même », souligne M. Orlov. Concernant l'appel controversé du chancelier Olaf Scholz à Poutine pour aborder les conditions de paix en Ukraine le 15 novembre, Orlov s'interroge : « Tout dépend de l'objectif de cette conversation. Si c’était pour maintenir la pression sur Poutine, alors c’est positif. Si c'est pour apaiser l'agresseur, cela n'aura aucun effet. Les conditions de la paix ne pourront être décidées qu'avec l'accord des Ukrainiens. »

« Nous devons nous faire entendre ! »

« Non à la guerre ! », « Ensemble contre Poutine ! », « La Russie sera libre ! » scandent les manifestants en russe. Une délégation provenant de France, composée de membres de l’association Russie-Libertés, était également présente. Cet événement visait à raviver l’opposition au régime russe, qui a été affaiblie après la mort tragique du militant Alexeï Navalny en prison en février 2024, mais qui est aussi marquée par des divisions, particulièrement autour des livraisons d'armes à l'Ukraine.

Il est crucial de réaliser que ces rassemblements n'influencent pas directement le cours du conflit, mais ils revêtent une dimension psychologique importante. Leonid Golub, qui a émigré en Bavière avec sa femme en été 2022, insiste : « Il est essentiel de savoir qu'il existe encore des Russes qui s'opposent à cette guerre et défendent la démocratie. » Originaire de Saint-Pétersbourg, ce couple de scientifiques, chercheurs en physique, a quitté la Russie lorsque la possibilité de manifester leur opposition est devenue inexorablement compromise. Maria, également chercheuse, évoque l'importance de l’engagement de Berlin, notamment en ce qui concerne la libération des prisonniers politiques, soulignant que « cela envoie un message fort. Nous tenons à exprimer notre soutien envers les milliers de prisonniers qui souffrent dans des conditions épouvantables. »

Alors que la désillusion grandit parmi ceux qui aspirent à une Russie libre et démocratique, cette nouvelle diaspora continue de lutter activement contre l'oppression de Poutine, espérant un lendemain meilleur pour leur terre natale.