"La Plus précieuse des marchandises" : Michel Hazanavicius plonge dans l'horreur de la guerre avec un conte animé bouleversant
2024-11-17
Auteur: Emma
La Plus précieuse des marchandises est le tout premier film d'animation dirigé par le talentueux Michel Hazanavicius, connu pour son chef-d'œuvre The Artist et la série OSS 117. Ce film poignant a été présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, où il a été acclamé par la critique pour sa profondeur émotionnelle et son audace artistique. Ce n'est pas une comédie légère comme on pourrait s'y attendre de sa part, mais un récit dramatique inspiré du roman de Jean-Claude Grumberg, dépeignant une des périodes les plus sombres de l'humanité.
Prévu sur les écrans le mercredi 20 novembre 2024, ce film s'annonce déjà comme une œuvre essentielle qui apporte lumière et espoir dans un contexte tragique.
"Il était une fois...", ces mots ouvrent La Plus précieuse des marchandises. Le narrateur, magistralement interprété par Jean-Louis Trintignant, évoque un conte que personne ne peut croire. Pourquoi donc une mère abandonnerait-elle son enfant ? Le film répond avec une vérité déchirante : parfois, c'est par amour.
Le récit tourne autour d'une "pauvre bûcheronne" qui, n'ayant pas d'enfants, recueille un bébé jeté d'un train de déportés en pleine campagne polonaise. Ce nourrisson, désigné comme "sans-cœur" par les nazis (terme horrifico-historique pour désigner les juifs), devient le symbole de l'innocence que la cruauté de la guerre s'efforce d'écraser. Grâce à la générosité de cette femme, de son mari, et d'un soldat à la "gueule cassée", ce petit être sera sauvé. Le film, comme tous les grands contes, présente des méchants et des gentils, des trahisons et de la loyauté, ainsi que des drames mêlés d'espoir.
En toile de fond, la Seconde Guerre mondiale, l'horreur de la déportation et les récits de souffrances. Hazanavicius, tout en s'éloignant des faits historiques, se concentre sur les thèmes de solidarité, d'entraide et de résistance des "Justes". Il n'y a pas de morale à sortir de cette fable, mais plutôt un appel éloquente à ne pas oublier ces tragédies horrifiantes.
Dès son jeune âge, Michel Hazanavicius a montré une passion pour le dessin, esquissant lui-même les personnages et les paysages du film. Son style graphique traverse les saisons et s'inspire de grands maîtres tels que Gustave Courbet et les artistes des estampes japonaises. Dans les moments les plus horribles, le film fait référence à des œuvres iconiques, comme Le Cri d'Edvard Munch. La technique d'animation évolue au fil de l'histoire, le trait se fait plus fin, et les illustrations deviennent plus épurées, notamment lors de la représentation des camps de concentration.
Pour le doublage, le réalisateur a réuni des voix prestigieuses du théâtre français. Jean-Louis Trintignant, dont c'est le dernier rôle au cinéma avant son décès en 2022, a prêté sa voix au narrateur dans des circonstances émotionnelles touchantes, se remémorant des souvenirs d'enfance. En compagnie de Dominique Blanc, Grégory Gadebois et Denis Podalydès, le casting fait vibrer les émotions du public. Bien que les dialogues soient rares, la musique d'Alexandre Desplat, omniprésente, sublime l'atmosphère et renforce la dramaturgie du récit, rendant La Plus précieuse des marchandises à la fois beau et profondément significatif.