POLITIQUE - Marine Tondelier est en émoi. La nomination de Bruno Retailleau, actuel ministre de l’Intérieur, suscite de vives réactions après des révélations surprenantes concernant une tricherie sur le plateau emblématique d’Intervilles. « J’ai réalisé que quand on triche à Intervilles, on accède aux hautes sphères du gouvernement », s'est moquée la secrétaire nationale des Écologistes lors d'une interview sur France 2, le 24 septembre.

Tondelier pointe du doigt une incohérence dans le choix du gouvernement de Michel Barnier, qu’elle juge très tourné vers la droite et non représentatif des résultats des dernières législatives. Elle ne cache pas son incompréhension face à ce ministre de l’Intérieur en proie aux vieux démons d’une tricherie historique.

Bruno Retailleau, qui a participé à Intervilles en juillet 1997, n’était alors pas une figure politique saturée de notoriété. À cette époque, il était metteur en scène de la Cinéscénie au Puy du Fou, un parc d’attractions controversé fondé par son ami Philippe de Villiers. Au cours de l’émission, Retailleau a été mis en lumière pour son rôle dans un incident audacieux : l’arbitre Olivier Chiabodo lui aurait secrètement transmis les bonnes réponses en lui faisant des signaux discrèts, ce qui aurait suscité un véritable scandale quelques jours plus tard.

Malgré le fait que peu de téléspectateurs aient remarqué la supercherie à l’époque, l’affaire refit surface dans la presse, notamment dans Le Canard Enchaîné et l’émission Arrêt sur Images sur France 5. Il fut révélé que Bruno Retailleau, tout en étant le seul à percevoir les gestes clandestins de Chiabodo, avait manœuvré pour transmettre ces informations à son équipe, allant ainsi à l'encontre des règles de l'émission.

Le retentissement de cette tricherie a été tel qu'un procès s'est engagé entre TF1 et Chiabodo. Licencié pour « faute grave », ce dernier a toujours soutenu qu’il n’était pas le seul responsable dans cette affaire. L’équipe victorieuse du Puy du Fou, quant à elle, avait la tâche ingrate d’organiser la première émission de la nouvelle saison, un coup de pouce médiatique dont Philippe de Villiers n'a pas cessé de bénéficier. Le Puy du Fou a continué à croître en popularité, renforçant les liens entre le monde de la politique et celui du divertissement.

Vingt ans après, l’épisode ressurgit grâce à l’humoriste Charline Vanhoenacker qui, lors d'une chronique sur France Inter, a interrogé Bruno Retailleau à ce sujet. Réveillant les vieilles polémiques, elle a déclaré : « À côté de Balkany, Guéant et toutes ces affaires, avez-vous un peu honte de votre histoire de triche à Intervilles ? » Ce à quoi Retailleau a répondu avec un rire amusé, ignorant les répercussions éventuelles de ce passé.