L'autisme : Une réalité méconnue chez les jeunes filles et les femmes
2024-11-26
Auteur: Julie
À l'âge de quarante-huit ans, Serenity Kiser a enfin reçu un diagnostic d'autisme, qui a été à la fois surprenant et libérateur, répondant enfin à des questions qu'elle se posait depuis son enfance. En grandissant, elle a souvent entendu qu'elle était « trop » : trop bruyante, trop émotive, trop maladroite. À onze ans, elle a été internée deux fois, sans comprendre vraiment pour quelles raisons.
Après son diagnostic, Serenity a revisité son passé en étudiant ses dossiers médicaux d'internement, découvrant que ses comportements étaient souvent associés à « presque de l’autisme typique ». Les médecins avaient noté son refus de contact visuel, sa voix monotone, ainsi que ses remises en question de leur autorité.
Depuis la dernière décennie, les diagnostics d'autisme connaissent une augmentation fulgurante, atteignant un pic de 175 %. Une étude récente publiée en octobre 2024 montre que les augmentations les plus marquées concernent les femmes et les jeunes filles, ainsi que les personnes âgées de vingt-quatre à trente-six ans.
Cette flambée des diagnostics est en partie attribuée à une sensibilisation accrue à l'autisme et à un élargissement de la définition clinique, qui reconnaît désormais des conditions telles que le syndrome d’Asperger.
Il est crucial de comprendre que l'autisme ne se présente pas de la même manière chez tous les individus. Monique Botha, psychologue et chercheuse, souligne que le stéréotype traditionnel de l'autisme comme une incapacité à s'intégrer socialement est très éloigné de la réalité.
Pour les jeunes filles et les femmes, le trouble du spectre de l'autisme (TSA) semble se manifester différemment. Selon Laura Hull, chercheuse à l'université de Bristol, les filles tardent souvent à obtenir un diagnostic, étant souvent diagnostiquées à un âge plus avancé après de nombreuses évaluations. Certaines d'entre elles sont capables de masquer leurs difficultés sociales, réussissant à tenir des conversations et à établir un contact visuel limité, mais rencontrent des défis dans des interactions sociales plus complexes.
Les filles autistes développent souvent des passions qui ne sont pas typiquement associées à l'autisme, comme une obsession pour les chevaux ou la mode, ce qui peut les rendre moins visibles dans les critères de diagnostic habituel. Ce phénomène a conduit certains experts à croire qu'un grand nombre de filles autistes pourraient passer inaperçues, masquant ainsi une réalité souvent méconnue.
Serenity Kiser a témoigné de ce décalage lorsqu'elle était enfant, en voyant des garçons autistes à l'école, alors qu'elle-même ne recevait pas le même label. Ce faux sentiment de normalité lui a été imposé, amplifiant ses luttes et ses frustrations.
Les recherches récentes révèlent que le TSA est plus complexe qu'une simple question de communication sociale. Les psychologues comme Joel Schwartz évoquent le « double problème d'empathie » : plutôt que d'être dépourvues d'empathie, les personnes autistes ressentent et réagissent à leur manière unique, plongeant souvent plus profondément dans leurs empathies.
En outre, les différences sensorielles sont un aspect fondamental de l'autisme, où les personnes peuvent éprouver des sensations d'une intensité accrue. Cela peut mettre une pression considérable sur leur capacité à assimiler les informations, les amenant à divers comportements d'autostimulation qui peuvent parfois être mal interprétés.
Il est essentiel d'adopter un regard nouveau sur l'autisme, non seulement comme un défi, mais aussi comme une richesse potentielle. La diversité des expériences sensorielles et émotionnelles vécues par les autistes leur confère une perspective unique sur le monde. L'empathie, la clarté et l'intensité des émotions qu'ils ressentent peuvent enrichir les relations interpersonnelles et la compréhension humaine.
Loin de renfermer les personnes autistes dans une vision unidimensionnelle, il est primordial de célébrer cette diversité afin de créer un monde où chaque individu, quel que soit son profil neurologique, puisse s'épanouir pleinement.