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Le Cachemire fait trembler Narendra Modi lors des élections régionales

2024-10-08

Auteur: Sophie

Des scènes de joie intense ont éclaté au Cachemire mardi 8 octobre, alors que le parti de Narendra Modi, le BJP, subissait une défaite écrasante lors des élections régionales. Les militants de la Conférence nationale, le plus ancien parti politique de la région, ont célébré en allumant des pétards et en partageant des douceurs dans la capitale Srinagar et d’autres villes. Selon les résultats préliminaires, la Conférence nationale aurait remporté 47 sièges contre seulement 27 pour le BJP, marquant un coup dur pour le Premier ministre indien et son agenda politique.

Près de 9 millions de Cachemiris ont voté entre le 18 septembre et le 1er octobre, pour la première fois en une décennie, afin de choisir leurs représentants à l'assemblée du Jammu-et-Cachemire. Ce scrutin était perçu comme une réponse directe à Narendra Modi, qui, le 5 août 2019, avait abrogé l’article 370 de la Constitution, mettant fin à l’autonomie spéciale de cette région à majorité musulmane. Cette décision controversée, accompagnée de l'abolition de l'article 35A, qui protégeait les droits des Cachemiris en matière de propriété, a été un événement fondateur du second mandat de Modi.

La dissolution du Parlement régional ainsi que l’arrestation de nombreux leaders démocratiquement élus avaient entraîné une vague de répression. La région a été coupée du monde pendant des mois, les médias internationaux étant interdits d’accès. Ce schéma de contrôle a marginalisé les voix musulmanes et visait à réformer la démographie du Cachemire, à travers une stratégie de « hindouisation » orchestrée par l’extrême droite hindoue.

Mais les résultats électoraux révèlent que le peuple du Cachemire a choisi de faire entendre sa voix. La Conférence nationale, dirigée par la famille Abdullah, de concert avec le Parti du Congrès, est sur le point de former le nouveau gouvernement. Omar Abdullah, ancien ministre en chef, a promis de restaurer les droits et l'autonomie du Cachemire. Cependant, il doit faire face à un contexte difficile.

En effet, le pouvoir du gouvernement régional a été largement érodé, placé sous l'autorité d'un gouverneur nommé par Delhi, qui détient un droit de veto sur les lois et les nominations. Le lieutenant-gouverneur, agissant au service de New Delhi, peut bloquer des mesures essentielles, y compris des actions contre la corruption parmi les officiels.

Cette élection pourrait donc être perçue non seulement comme une victoire pour la Conférence nationale, mais aussi comme un tournant significatif dans la lutte du Cachemire pour son identité et son autonomie. Les yeux sont désormais rivés sur les prochaines étapes de ce nouveau gouvernement et sur sa capacité à naviguer dans les tumultes politiques imposés par le régime central.