Une maladie qui frappe de plus en plus tôt

Le cancer du côlon, autrefois perçu comme une maladie des plus de 50 ans, touche aujourd'hui une nouvelle génération de jeunes adultes. Avec une augmentation alarmante de près de 70 % des cas chez les moins de 50 ans depuis 1990, la communauté médicale s'interroge sur les raisons de cette évolution inquiétante.

Les jeunes adultes, une population vulnérable

Ce diagnostic, que l'on pensait réservé aux quinquagénaires, se répand maintenant parmi les trentenaires et même les vingtenaires. Selon Santé Publique France, le cancer colorectal est désormais le deuxième cancer le plus meurtrier, et les cas chez les jeunes continuent d'augmenter, doublant en seulement deux décennies.

La toxine colibactine : un coupable inattendu

Une récente étude internationale a mis en lumière un suspect étonnant : la colibactine, une toxine produite par certaines souches de la bactérie Escherichia coli. Cette toxine pourrait être responsable de mutations ADN qui favorisent l’apparition de tumeurs. Publiée dans la revue Nature, cette étude révèle que les jeunes atteints de cancer du côlon possèdent des traces de cette toxine trois fois plus souvent que les personnes âgées.

Une empreinte génétique inquiétante dès l'enfance

Les chercheurs, dirigés par le Dr Ludmil Alexandrov de l’Université de Californie à San Diego, ont analysé les génomes de 1 000 patients issus de 11 pays. Ils ont découvert que les dommages cellulaires causés par la colibactine peuvent se manifester dès le plus jeune âge, parfois avant même 10 ans.

Le rôle crucial du microbiote intestinal

Mais comment une infection de l’enfance peut-elle avoir des conséquences aussi graves 30 ans plus tard ? Le microbiote, cette flore intestinale qui se développe durant l’enfance, joue un rôle central. Des événements comme une naissance par césarienne ou un usage excessif d’antibiotiques peuvent favoriser l'implantation de ces bactéries productrices de colibactine. Elles engendrent alors des micro-inflammations répétées, déclenchant une série de mutations ADN.

Mode de vie moderne en question

D'autres facteurs environnementaux, comme une alimentation ultra-transformée et un mode de vie sédentaire, perturbent également l'équilibre du microbiote. Ces changements de mode de vie favorisent la prolifération de pathologies digestives, incluant le cancer colorectal.

Des solutions pour l'avenir

Rassurez-vous, tous les enfants exposés à cette bactérie ne vont pas nécessairement développer un cancer. Toutefois, cette découverte ouvre la voie à un dépistage plus précoce, ciblant notamment ceux ayant présenté des troubles digestifs durant leur enfance. À l'avenir, des tests détectant la signature génétique de la colibactine pourraient permettre d'identifier les individus à risque avant même que les premiers symptômes n'apparaissent.

À retenir

Lorsque l'intestin est fréquemment enflammé, comme dans les cas de colite ou de maladie de Crohn, sa fragilité augmente. Cela permet à des toxines comme la colibactine de pénétrer plus aisément, endommageant les cellules et favorisant le développement du cancer colorectal.