Luc Rémont, fraîchement nommé PDG d'EDF en novembre 2022, a annoncé sa démission après de longs mois de tensions avec l'État, actionnaire à 100 % de l'entreprise. L'une des principales sources de friction a été le prix de la vente d'électricité aux industriels, ainsi que la lenteur du lancement du programme des six nouveaux réacteurs EPR2.

Selon des sources proches du dossier, Rémont aurait été remercié par le ministre de l'Économie, Eric Lombard, lors d'une réunion qui s'est tenue récemment ; il aurait été décrit comme ayant fait un « excellent travail » mais son mandat n'a pas été renouvelé. Cette décision intervient à un moment critique pour EDF, qui doit également faire face à des demandes de l'État concernant la maîtrise des coûts et des délais de ses projets nucléaires.

Emmanuel Macron a été récemment impliqué dans un conseil de politique nucléaire, pressant EDF de fournir un chiffrage précis des coûts et des délais pour éviter un scénario similaire à celui du chantier de Flamanville, notorious pour ses dépassements budgétaires. EDF est encouragée à éviter les erreurs qui ont terni sa réputation et à garantir que ses nouvelles installations soient conformes aux attentes.

Sous la direction de Luc Rémont, EDF a tenté de redresser la production nucléaire, même alors que l'entreprise faisait face à des critiques croissantes concernant ses tarifs. Les relations avec ses principaux clients industriels, notamment dans le secteur de l'acier et de la chimie, ont été particulièrement tendues, les industriels se plaignant de prix trop élevés, tandis que l'État craignait une désindustrialisation du pays.

Pour remplacer Rémont, le président de la République prévoit de nommer Bernard Fontana, actuel directeur général de Framatome. Âgé de 64 ans et polytechnicien, Fontana a commencé sa carrière dans le secteur des explosifs avant de rejoindre ArcelorMittal, puis Holcim, et enfin de jouer un rôle clé chez Framatome. Son expérience sera cruciale pour faire avancer le programme nucléaire français, ambitieux mais contesté.

Ce changement de direction chez EDF intervient dans un contexte où le secteur énergétique est en pleine mutation, avec les enjeux de transition énergétique et de sécurité d'approvisionnement qui deviennent de plus en plus pressants. La nomination imminente de Bernard Fontana pourrait signifier un tournant dans la stratégie d'EDF, avec la possibilité d'une approche plus pragmatique face aux défis industriels et énergétiques actuels.

Le futur de l'énergie en France demeure incertain, mais avec des leaders expérimentés comme Fontana, l'espoir d'un redressement durable et d'une gestion améliorée des projets nucléaires pourrait être à portée de main.