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Le secteur public génère 75 % des nouveaux emplois en un an : Quel avenir pour le marché du travail ?

2024-10-02

Auteur: Emma

La santé du marché du travail est-elle vraiment mise à mal par les coupes budgétaires annoncées ? La question suscite des inquiétudes, surtout lorsque l'on constate qu'au cours de l'année écoulée, trois emplois créés sur quatre proviennent du secteur public. Selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), entre mi-2023 et mi-2024, le secteur public a généré 95 000 nouveaux emplois, représentant une augmentation de 1,2 %, sur un total combiné de 129 000 nouveaux emplois.

Vladimir Passeron, chargé du département de l'emploi à l'Insee, précise que « malgré un effectif bien moindre, avec 21 millions de salariés dans le secteur privé contre 6 millions dans le public, l'emploi de la fonction publique contribue significativement à la croissance globale ». En effet, depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, l'emploi public n'a jamais été aussi dynamique, selon Mathieu Plane, directeur adjoint à l'Observatoire français des conjonctures économiques.

Comparé aux années 2021 et 2022, où la progression était plus mesurée (+0,4 % et +0,3 % respectivement), il est à noter que l'évolution des effectifs de la fonction publique a particulièrement augmenté en 2022, surtout dans la fonction publique d'État (+0,6 %), alors que la fonction publique hospitalière a à peine progressé (+0,1 %) et les collectivités locales sont restées stables.

Il est également intéressant de noter que les recrutements dans le secteur public se font principalement via des contrats à durée déterminée, souvent de courte durée, et qu’actuellement plus d’un agent sur cinq y occupe un poste contractuel.

La situation est contrastée dans le secteur privé, où un coup de frein est désormais palpable. Dans un contexte de déséquilibres budgétaires, cette augmentation des effectifs publics « peut susciter des préoccupations », avertit Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas. Néanmoins, cette évolution doit être mise en perspective ; ces postes ont été créés en réponse à des besoins spécifiques, notamment dans les domaines de la santé et de l'éducation, accentués par les changements survenus après la crise COVID-19.

Depuis l’été dernier, l'emploi dans le privé stagne et recule même légèrement dans certains secteurs comme l'intérim et la construction. « L'emploi privé est plus sensible aux fluctuations économiques, et il souffre donc davantage face à une croissance qui s'essouffle », souligne M. Colliac.

En somme, alors que le secteur public semble être le moteur de la création d’emplois, la question demeure : le marché du travail pourra-t-il résister à terme, alors que des défis économiques de plus en plus pressants se profilent à l'horizon ? Il est essentiel de rester attentif à ces dynamiques pour comprendre l’évolution future de l’emploi en France.