Leni Riefenstahl : La cinéaste, manipulatrice et icône du IIIe Reich dévoilée
2024-11-24
Auteur: Marie
Leni Riefenstahl, figure emblématique du cinéma du IIIe Reich, continue de fasciner et de susciter des débats passionnés. Sept cents caisses d’archives, pleines de courriers, de photos, d’enregistrements audio et de films, ont été découvertes, dévoilant les secrets de cette réalisatrice controversée, connue pour son œuvre monumentale *Le Triomphe de la volonté* (1935) et *Les Dieux du stade* (1938).
À sa mort en 2003, Riefenstahl a légué cet héritage à son compagnon, Horst Kettner, un homme de quarante ans son cadet. Kettner, qui a longtemps contrôlé l'accès à ces archives, a entretenu une relation ambivalente avec la cinéaste. Bien qu'il ait été son partenaire et son collaborateur, elle le considérait à la fois comme son amant et comme son « fils », lui dictant même des soins personnels pour préserver sa santé.
Ces archives apportent un éclairage nouveau sur Riefenstahl, qui s'est souvent positionnée comme une artiste apolitique. Elle a réussi à façonner une image d'elle-même comme une personne ayant œuvré tout en restant à l’écart de la propagande nazie, une version mise à mal par le documentaire *Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres* d’Andres Veiel, projeté le 27 novembre. Ce film constitue une véritable *pierre de Rosette*, permettant de déchiffrer son œuvre et sa personnalité.
Malgré son habileté à posant en victime d’un système oppressif, plusieurs chercheurs, y compris des historiens comme Mark Cousins, ont mis en lumière ses choix artistiques et moraux pendant le régime nazi. Riefenstahl, adulée par certains comme le serait un Hitchcock ou un Welles, garda sobrement le silence sur ses choix, ne révélant pas entièrement le poids de son implication dans les événements traumatisants de son époque.
Le documentaire de Veiel a également révélé les liens de Kettner avec l'extrême droite allemande, en prouvant qu'il était en contact avec des figures néonazies et négationnistes, ce qui soulève des questions sur l'héritage de Riefenstahl. En 2016, à la mort de Kettner, ces nombreux documents ont progressivement circulé, offrant une vision plus complexe et nuancée de la cinéaste et de son époque. Riefenstahl, loin de n'être qu'une icône artistique, est aussi un symbole de la manipulation et de la complaisance d'un certain milieu artistique envers un régime despotique.
Ainsi, alors que les débats autour de son œuvre persistent, il est impératif d’analyser son héritage à travers le prisme de la responsabilité morale et de l'intégrité artistique. Leni Riefenstahl n'est pas simplement une pionnière du cinéma ; elle est aussi un emblème des dangers de l'art au service de la propagande.