La guerre commerciale initiée par Donald Trump a forcé Emmanuel Macron à convoquer le 3 avril dernier les acteurs des industries françaises menacées par les taxes douanières à l'Élysée. Parallèlement, le récent changement de cap de l'administration américaine dans le conflit en Ukraine a poussé le président français à lancer une série d'initiatives pour accélérer le réarmement de la France et redynamiser l'idée d'une défense européenne autonome.

Dans ces contextes multiples, le retour de Donald Trump à la présidence américaine a permis à Emmanuel Macron de sortir d'une période d'incertitude, exacerbée par des scandales internes. Invisible et muet sur la scène nationale, Macron s'est affirmé sur le plan européen comme le principal opposant à Trump, un fervent anti-Poutine et un support indéfectible pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le renforcement du rôle présidentiel en politique étrangère

Cette situation a permis à Emmanuel Macron de regagner en influence. Il a récemment revitalisé les relations entre la France et l'Algérie, échappant aux tensions causées par des commentaires malheureux de ministres français. En s'adressant au président algérien Abdelmadjid Tebboune, il a ainsi contribué à apaiser des tensions bilatérales.

Un adage bien connu dit que c'est la fonction qui façonne le responsable. Un président qui n'utilise pas son pouvoir s'expose à une érosion de son influence. Cette dynamique est d'autant plus essentielle en raison de l'absence de majorité à l'Assemblée nationale : Emmanuel Macron a dû se contenter d'observer des luttes internes parmi les parlementaires, une succession de Premiers ministres (quatre en 2024) et des gouvernements coincés dans des querelles.

En revanche, la Vème République confère au président un rôle crucial en matière de politique étrangère et de défense, ce qu'on appelle le "domaine réservé". De fait, Emmanuel Macron a retrouvé un rôle proactif face aux crises, qu'elles soient militaires ou économiques.

Aucun impact sur son image nationale

Cependant, cet activisme sur la scène internationale n'influence guère sa popularité en France. Bien que sa cote remonte à Kiev, celle-ci reste stagnante à Paris. Macron semble faire partie d'un script dont il ne maîtrise plus le déroulement, observant impuissant une situation qui lui échappe. À moins qu'une autre crise, comme les attaques violentes de Marine Le Pen et du Rassemblement National sur l'indépendance de la justice, ne lui permette de retrouver une forme de pouvoir.

Rappelons que le président de la République est garant du bon fonctionnement de nos institutions démocratiques. Si l'extrême droite persiste dans ses critiques agressives, Macron pourrait retrouver un rôle d'arbitre respecté. Sa crédibilité pourrait être encore renforcée par le fait qu’il n’a pas l'intention de se représenter en 2027, ce qui pourrait lui donner un atout dans les débats politiques à venir.