Dans un petit café de Washington, Kate Scaife Diaz, 43 ans, partage son angoisse. "La nuit dernière, j'ai rêvé que je perdais mon emploi du jour au lendemain. Au réveil, je me suis rappelé que c'était la réalité." Elle fait partie des 4 700 employés de l'Agence américaine pour le développement (USAID) qui ont été placés en congé avant des licenciements définitifs. La liquidation de l'USAID illustre la purge systématique menée par Donald Trump depuis son retour au pouvoir le 20 janvier. Bien que l'administration ne publie pas de chiffres officiels, CNN rapporte que plus de 100 000 fonctionnaires sur les 2,2 millions que compte le pays ont déjà été licenciés.

La liste des agences touchées s'allonge : 80 000 emplois supprimés au ministère des Anciens combattants, 45 000 au Fisc et 10 000 à l'Agence de protection de l'environnement. Récemment, le ministère de l'Éducation a annoncé qu'il se séparait de la moitié de ses employés. Ces décisions sont orchestrées par le tout nouveau Département pour l'efficacité gouvernementale (Doge), dirigé par Elon Musk, qui a promis de réduire la "bureaucratie fédérale" avec vigueur.

Les fonctionnaires de l'USAID ont appris leur licenciement via un courriel, perdant rapidement l'accès à leurs bâtiments et à leurs ressources en ligne. Sarah, également licenciée, témoigne du choc et de la brutalité du processus : "En seulement trois semaines, l'agence était presque entièrement dévastée. J'éprouve un vrai sentiment de trahison et de dévastation face à cette destruction de ce que nous avons construit."

Les licenciements, souvent annoncés lors de visioconférences impersonnelles, ajoutent une blessure psychologique à la perte de l'emploi. "Nous avons été traités comme des criminels, alors que nous avons consacré nos vies à servir notre pays," se désespère Shernice Mundell, une ancienne militaire désormais à la recherche d'un emploi dans un marché saturé. Elle souligne la détresse de nombreux licenciés, qui se battent pour continuer à subvenir aux besoins de leurs familles alors qu'ils voient leurs espoirs se briser.

Avec de nombreux fonctionnaires encore en poste craignant le même sort, des rassemblements ont eu lieu pour dénoncer ces coupes drastiques. Les craintes concernant l'avenir de services publics cruciaux comme les alertes climatiques et les soins de santé sont palpables. Plusieurs anciens employés, dont Amy de la FDA, ont exprimé leur peur de l'effondrement total d'un système pourtant vital pour le bien-être des Américains.

Cette situation crée une onde de choc au-delà des agences touchées : "Quand tout cela s'installera dans les esprits, les dommages seront considérables et très difficiles à réparer," avertit Sarah. Le mouvement orchestré par Trump et Musk pour réduire les effectifs n'est pas seulement une question de finances, mais soulève un débat élargi sur l'avenir du service public et la direction que doit prendre la démocratie américaine face aux défis contemporains. Les licenciements massifs, revêtus d'un vernis d'efficacité, soulèvent des inquiétudes quant à la centralisation du pouvoir et la possible dérive vers l'autocratie.

La communauté des fonctionnaires est unie dans la lutte non seulement pour retrouver leurs emplois, mais aussi pour défendre la valeur d’un service public essentiel au bon fonctionnement de la société.