Deux ans après qu'un premier foyer de "fourmis électriques" ait été détecté en France, ces insectes invasifs continuent de s'établir dans le Var. Malgré l'obligation de la Commission Européenne pour les États membres d'éradiquer les espèces invasives dans les trois mois suivant leur détection, la situation demeure préoccupante.

Tout a commencé au début de l'été lorsqu'un habitant de Croix-Valmer a ressenti une gêne persistante due aux piqûres de ces fourmis. Après quelques recherches en ligne, il découvre une vidéo de spécialistes et décide de les contacter. Luc Gomel et Olivier Blight, experts en myrmécologie, confirment rapidement qu'il s'agit bien de la redoutable "fourmi électrique" (Wasmannia auropunctata).

Ce phénomène est alarmant car il s'agit déjà du deuxième foyer en France, le premier ayant été recensé à Toulon, à 53 km de là. Les fourmis électriques, aussi appelées "petites fourmis de feu", sont non seulement extrêmement agressives mais également responsables de déséquilibres dans l'écosystème local.

Avec une taille ne dépassant pas 1,5 mm, elles ont été découvertes pour la première fois en Europe en Espagne en 2018. Leur mode d'introduction est principalement lié aux échanges commerciaux intensifiés ces dernières années.

La fourmi électrique peut entraîner des piqûres douloureuses, et le risque est particulièrement élevé pour les personnes allergiques, tandis que les animaux domestiques peuvent subir de graves problèmes de santé. Ce n'est pas tout ; leur présence menace également la biodiversité, car ces fourmis s'attaquent sans relâche aux espèces locales, provoquant une crise écologique.

La situation est d'autant plus inquiétante que ces fourmis sont très adaptables, pouvant se propager rapidement et élire domicile dans des environnements variés. Les colonies se développent rapidement, abritant plusieurs reines, et peuvent générer de nouveaux foyers en suivant différents moyens de transport, y compris les eaux pluviales.

Les chercheurs s'inquiètent de l'absence de mesures sérieuses prises par l'État français pour éradiquer cette menace. Bien qu’il existe des méthodes de contrôle, comme l'appât toxique développé en Australie, leur efficacité reste limitée en milieu extérieur.

La Commission Européenne a mis en place des réglementations pour lutter contre ces espèces invasives, mais l'inaction face à la présence des fourmis électriques soulève des questions sur la préparation et l'organisation de la France.

D'autre part, les conséquences économiques de cette invasion sont alarmantes. En Europe, la lutte contre les espèces invasives, y compris les fourmis comme la fourmi de feu, engendre des coûts énormes — estimés à 51 milliards de dollars. La fourmi électrique pourrait aggraver à terme cette situation.

Alors que l’on continue à surveiller le phénomène, les experts répètent qu'il est essentiel d'agir rapidement pour freiner l’extension de ces colonies et protéger la biodiversité locale. En effet, la menace est réelle : les petites fourmis de feu ne sont pas à prendre à la légère.