Les Grands Singes Possèdent des Capacités Cognitives Similaires à Celles des Humains pour le Langage
2024-11-29
Auteur: Pierre
Une étude révolutionnaire a récemment mis en lumière que les grands singes, tout comme les humains, illustrent une capacité remarquable à suivre visuellement les événements, distinguant ainsi « l’agent » de l’« patient » dans une action. Ce mécanisme cognitif pourrait être une clé essentielle pour comprendre les origines du langage humain, suggérant qu’il a pu émerger plus tôt dans notre histoire évolutive que prévu. Ces découvertes soulèvent des interrogations passionnantes sur les différences dans l'évolution du langage entre les grands singes et les êtres humains.
Même si de nombreuses espèces animales établissent des formes de communication, comme les vocalisations ou les gestes, le langage complexe est traditionnellement considéré comme une spécificité humaine. Cette distinction a donné lieu à une multitude de recherches approfondies sur les mécanismes cognitifs à la base du langage et leur histoire évolutive chez les humains et les autres espèces.
Un de ces mécanismes est la capacité à décomposer les événements en identifiant clairement qui fait quoi. Par exemple, dans l’observation d’une interaction entre un chat et une souris, le chat représente l’agent de l’action, alors que la souris en est le patient. Cette aptitude à établir de telles relations pourrait jouer un rôle fondamental dans la structure même de nos langages et l'agencement des mots.
Dans cette nouvelle étude publiée dans PLOS Biology, des chercheurs de l’Université de Zurich ont examiné si la capacité à interpréter les événements était spécifique aux humains ou si les grands singes la possédaient également. Les résultats sont surprenants et pourraient changer notre compréhension des origines du langage.
Les yeux des Grands Singes s’illuminent comme ceux des Humains !
Pour étudier cette question, l'équipe a présenté 84 courtes vidéos représentant des relations agent-patient à un échantillon comprenant 14 humains, 5 chimpanzés, deux gorilles et deux orangs-outans. Ils ont également observé les réactions de 29 nourrissons humains âgés de six mois. Les résultats montrent que tant les grands singes que les humains adultes portaient plus d’attention sur les agents et les patients que sur d'autres détails des vidéos. De manière fascinante, leur attention était particulièrement attirée par l'agent lorsque la nourriture était impliquée, démontrant ainsi un certain niveau d'empathie et de préoccupation pour le bien-être des autres.
Cependant, il a été noté que les nourrissons de six mois ne s’intéressaient ni aux agents ni aux patients, mais davantage au contexte de la scène, en révélant les premiers stades du développement cognitif chez les jeunes enfants.
Ces découvertes soutiennent l'hypothèse selon laquelle la capacité à décomposer les événements fait partie d'un héritage cognitif commun avec les grands singes. Mais pourquoi, si cette capacité existe chez eux, le langage humain a-t-il évolué vers une forme plus complexe ?
Une théorie soulevée par Vanessa AD Wilson, principal auteur de l'étude, met en avant l'importance de la cognition sociale dans l'évolution du langage humain, indiquant que le besoin d'interaction sociale pourrait avoir entraîné un développement plus élaboré de la manière dont nous donnons du sens au monde. De précédentes recherches ont souligné que la taille de notre cerveau, plus grande que celle de nos cousins primates, pourrait être un facteur clé expliquant la complexité de nos interactions sociales, dont le langage est une composante essentielle.
Néanmoins, l’interrogation demeure : le développement d’un cerveau plus volumineux a-t-il facilité l'acquisition d'un langage complexe, ou l'inverse est-il vrai ? Wilson évoque également l'idée qu'une évolution parallèle a pu se produire, créant un cycle d'amélioration continue entre taille du cerveau et complexité du langage.
Un manque de Motivation pour l’Évolution du Langage chez les Grands Singes?
L'étude suggère que les différences dans l'évolution du langage chez les grands singes pourraient être dues à un manque de motivation ou de ressources nécessaires pour développer des formes complexes de communication. Quelles seraient alors les motivations manquantes qui ont conduit à la complexité accrue du langage humain ? Des questions demeurent, notamment concernant le moment où un langage simple a commencé à évoluer vers une structure plus complexe.
« Les recherches continues sur la communication animale enrichissent notre compréhension et questionnent la perception traditionnelle de l’unicité humaine », déclare Wilson. Les recherches actuelles semblent de plus en plus suggérer que la distinction entre la communication humaine et celle des primates n’est pas une question de nature, mais plutôt de degré.