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Les milliardaires pro-Trump de la Silicon Valley menacent-ils notre démocratie ?

2024-09-30

Auteur: Marie

À l'instar d'Elon Musk, plusieurs milliardaires de la Silicon Valley, fermement ancrés dans une idéologie ultra-conservatrice, soutiennent Donald Trump avec leurs immenses fortunes. Ce phénomène soulève des craintes quant à un potentiel "coup d'État technologique".

Le 5 novembre prochain, les États-Unis auront l'occasion de tourner une page historique en élisant Kamala Harris, la première femme présidente, ou de maintenir la lignée Trump en offrant à l'ancien président une seconde chance. Ce moment crucial sera scruté de près par les géants de la technologie. Pendant longtemps, la Silicon Valley a été perçue comme un bastion démocrate. Barack Obama y avait remporté un soutien sans précédent, tandis qu'en 2016, Hillary Clinton avait reçu beaucoup plus de fonds que son concurrent républicain, Trump. Cependant, la situation a radicalement évolué depuis.

Bien que Trump ait perdu face à Joe Biden en 2020, il a quand même réussi à capter 23 % des voix en Californie, un résultat qui aurait été impensable il y a quelques années. Cette année, Musk, après avoir acquis le réseau social X (anciennement Twitter), a fait de Trump son protégé. En juillet, il a promis son soutien inconditionnel à Trump, peu après une tentative d'assassinat sur l'ancien président, en s'engageant à injecter 45 millions de dollars par mois dans un comité d'action politique pro-Trump.

Des figures influentes comme David Sacks, un ancien collègue de Musk chez PayPal, ainsi que Marc Andreessen et Ben Horowitz, dirigent un fonds de capital-risque majeur, se sont également alignés derrière Trump. Peter Thiel, un pionnier dans le domaine des technologies et investisseur stratégique, a contribué à placer J.D. Vance sur le devant de la scène politique, le soutenant financièrement pour sa campagne au Sénat en Ohio.

Thiel lui-même a joué un rôle crucial dans la direction politique de Trump, cherchant à renforcer une équipe qui reflète ses valeurs réactionnaires. Vance, connu pour son discours radical sur des réformes gouvernementales extrêmes, a déjà évoqué l'idée de remplacer l'appareil bureaucratique par des partisans républicains.

À l'opposé d'une alliance historique entre les libéraux et le milieu technologique, ces milliardaires portent une vision profondément individualiste et clientéliste du progrès, souvent au détriment des valeurs démocratiques. Des personnalités comme Olivier Alexandre, sociologue et expert en Nouvelle Économie, mettent en lumière les dangers que représente cette évolution vers un "techno-autoritarisme".

Marietje Schaake, ancienne eurodéputée, évoque dans son dernier ouvrage les menaces que cette tendance pose aux fondements de nos démocraties : élections libres, séparation des pouvoirs et libertés publiques. Le fait que des figures influentes de la Silicon Valley choisissent d'ignorer leurs responsabilités sociales et politiques pour s'aligner sur une ligne de pensée aussi radicale est alarmant.

Avec une montée en puissance des idées libertariennes et nationalistes, la Silicon Valley se trouve à un carrefour crucial. Les milliards de dollars investis dans des technologies comme l'IA offrent aux milliardaires un pouvoir qui pourrait nuire gravement à la structure démocratique des États-Unis. En soutenant un candidat qui remet en question les valeurs de l'État de droit, ils exacerbent la polarisation politique qui ébranle déjà le pays.

Alors que des figures emblématiques de la technologie comme Mark Zuckerberg choisissent de rester en retrait afin d'éviter le backlash politique, le défi auquel est confrontée la population américaine est d'évaluer et de répondre à ces dynamiques de pouvoir, qui peuvent potentiellement détruire les bases même de la démocratie. Le mois prochain sera décisif pour l'avenir de ces institutions, alors que la lutte pour la diplomatie numérique et le futur technologique promet d'être tout aussi tumultueuse.