Technologie

L'Éthiopie se lance dans une révolution électrique : Est-ce un coup de maître ou un pari risqué ?

2024-11-22

Auteur: Marie

L'Éthiopie vient de faire un pas audacieux dans l'univers mondial de l'automobile en décidant d'interdire l'importation de véhicules à moteur thermique. Ce choix radical vise non seulement à promouvoir une transition vers des véhicules électriques, mais aussi à résoudre des problèmes économiques pressants, notamment l'accès limité aux devises étrangères. Le ministre des Transports, Alemu Sime, a qualifié cette initiative de "priorité absolue" pour le pays.

Une ambition louable, mais des défis redoutables

L'objectif est ambitieux : importer 100 000 véhicules électriques chaque mois. Toutefois, cette démarche soulève des interrogations quant à sa faisabilité dans un pays où l'infrastructure est insuffisante. En dehors des grandes villes, les stations de recharge se font rares, et la situation de l'approvisionnement électrique est instable, même dans la capitale, Addis-Abeba.

Yonas Tadelle, mécanicien à Addis-Abeba, expose avec préoccupation que "seulement 2 ou 3 garages sont capables de réparer des véhicules électriques en Éthiopie". La pénurie de techniciens qualifiés engendre des délais d'attente longs et des coûts de réparation élevés.

Un marché en mutation : opportunités et défis

En pleine transformation, le marché automobile éthiopien voit une forte demande pour les véhicules électriques neufs, en parallèle d'un regain d'intérêt pour les voitures thermiques d'occasion. Ce paradoxe reflète l'hésitation de nombreux conducteurs à adopter une technologie encore peu familière dans le pays.

Initiatives prometteuses pour un avenir durable

Face à ces défis, le gouvernement éthiopien a lancé plusieurs initiatives stratégiques : la construction d'un immense barrage sur le Nil pour accroître la capacité électrique, l'investissement dans un réseau de bornes de recharge publiques, et même des projets de fabrication de batteries sur le sol éthiopien. Le Premier ministre Abiy Ahmed a indiqué que le nouveau barrage pourrait générer 5 000 mégawatts d'électricité, une avancée cruciale pour accompagner cette transition énergétique.

L'Éthiopie, future référence de la mobilité électrique en Afrique ?

Le pays souhaite devenir un leader dans l'industrie automobile électrique en Afrique, avec des projets de collaboration avec des entreprises internationales. Une telle ambition pourrait placer l'Éthiopie au cœur de la nouvelle révolution énergétique sur le continent.

L'économiste Samson Berhane soutient que l'Éthiopie possède les ressources nécessaires pour subvenir à la demande en électricité des 500 000 véhicules électriques prévus chaque mois au cours de la prochaine décennie.

Un pari audacieux avec des conséquences à envisager

Cette décision de passer entièrement à l'électrique est audacieuse, mais pas sans risques : impacts sur le marché automobile, ajustements nécessaires des consommateurs, et grands défis logistiques demeurent des préoccupations. Cependant, cette stratégie pourrait également propulser l'Éthiopie vers une transformation significative de son économie, favorisant ainsi l'innovation.

L'avenir de cette transition dépendra largement de la capacité du gouvernement à surmonter les obstacles infrastructurels et à soutenir la mise en place d'un écosystème local autour de la mobilité électrique. Si l'Éthiopie réussit à naviguer à travers ces défis initiaux, elle pourrait bien servir de modèle inspirant pour d'autres pays en développement souhaitant harmoniser croissance économique et durabilité environnementale.

L'expérience éthiopienne sera surveillée de près par la communauté internationale, pouvant offrir des leçons précieuses pour une transition accélérée vers une mobilité électrique à l'échelle d'un pays.