Technologie

L'industrie de la musique contre-attaque : Les défis de l'IA dévoilés !

2025-04-07

Auteur: Emma

L'industrie musicale se trouve en plein cœur d'une guerre stratégique contre les dérives de l'intelligence artificielle (IA) générative. Des plateformes aux tribunaux, en passant par des négociations avec des élus, elle s'active pour protéger son contenu face au pillage croissant. Le label Sony Music a récemment révélé avoir demandé le retrait de pas moins de 75 000 deepfakes en ligne, un chiffre alarmant qui souligne l'ampleur du défi à relever.

Les experts affirment que la technologie actuelle est suffisante pour détecter ces morceaux générés par des logiciels IA, qui n'impliquent pas les artistes. Pindrop, société spécialisée dans l'identification vocale, précise que malgré leur réalisme apparent, les chansons créées grâce à l'IA présentent des irrégularités subtiles en termes de fréquence et de rythme, signes indéniables d'une production artificielle.

Il est désormais facile de trouver sur des plateformes comme YouTube ou Spotify des faux morceaux, comme un rap fictif de 2Pac sur les pizzas ou une reprise imaginaire par Ariana Grande d'un tube de K-pop. "Nous prenons ces problématiques très au sérieux et développons de nouveaux outils pour améliorer la détection des contenus générés par IA," a déclaré Sam Duboff, responsable de la politique réglementaire chez Spotify lors d'une récente émission sur YouTube.

YouTube face à un billion de dollars de pertes

YouTube, quant à elle, s'engage à "affiner sa technologie avec ses partenaires" et pourrait faire des annonces cruciales dans les semaines à venir. Alors que les acteurs malveillants semblent avoir une longueur d'avance, Jeremy Goldman, analyste chez Emarketer, souligne que "YouTube a des milliards de dollars en jeu," ce qui les inciterait à agir rapidement pour éviter que leur plateforme ne se transforme en un cauchemar d'IA.

Au-delà des deepfakes, l'industrie musicale s'inquiète également de l'utilisation non autorisée de son contenu pour nourrir des interfaces d'IA comme Suno, Udio ou Mubert. Plusieurs grands labels ont récemment poursuivi en justice Udio, accusée d'avoir développé son logiciel à partir de "d'enregistrements protégés par la propriété intellectuelle pour détourner les auditeurs et potentiels utilisateurs payants."

Neuf mois après, la situation reste floue, aucune date n'ayant encore été fixée pour un éventuel procès, ni pour une affaire similaire contre Suno dans le Massachusetts. Au cœur de ces batailles juridiques se trouve la notion complexe du fair use, qui pourrait rendre l'interprétation du droit de propriété intellectuelle plus flexible. "Nous sommes dans une zone de réelle incertitude," déclare Joseph Fishman, professeur de droit à l'université Vanderbilt.

Une lutte qui s'intensifie

Les premiers jugements ne garantiront pas la fin de ces conflits, car si les tribunaux ne parviennent pas à s'accorder, la Cour suprême pourrait devoir intervenir. En attendant, les géants de l'IA continuent de s'approvisionner en données protégées, laissant planer le risque de déjà être perdants dans cette bataille.

"Je ne suis pas sûr qu'il soit trop tard, tempère Joseph Fishman. De nombreux outils sont construits à partir de morceaux soumis aux droits d'auteur, mais de nouveaux modèles émergent constamment, qui pourraient se heurter à des décisions judiciaires contraignantes."

Les labels, artistes et producteurs n'ont pas non plus eu beaucoup de succès sur le front législatif, malgré les nombreuses propositions de lois soumises au Congrès américain, toutes restées à ce jour sans suite. L'issue de ce conflit pourrait redéfinir les contours de l'industrie musicale et son interaction avec l'IA. La vigilance reste de mise, car la bataille pour les droits de propriété intellectuelle n’est pas seulement une question de musique, mais d'avenir et de créativité.