L'intelligence artificielle au secours des insectes : Un espoir pour la biodiversité
2024-11-21
Auteur: Michel
Et si l'intelligence artificielle devenait l'alliée des insectes en danger ? Une équipe d'entomologistes montréalais, soutenue par des ingénieurs, se lance dans cette incroyable aventure pour tenter de contrer le déclin alarmant de millions d'espèces d'insectes.
Au cœur de l'Insectarium de Montréal, un projet ambitieux prend forme sous la direction de Maxim Larrivée. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : la disparition des insectes s'opère à un rythme mille fois plus rapide que lors des grandes extinctions passées, rendant difficile toute tentative de suivi approprié.
Les causes sont bien identifiées : destruction des habitats, utilisation massive de pesticides et changement climatique. Cependant, il existait un manque criant de données sur l'ampleur exacte de cette perte de biodiversité. C'est dans cette optique que le projet Antenna voit le jour. Grâce à l’intelligence artificielle, un algorithme est en développement pour identifier les différentes espèces d'insectes à partir de photos.
Des bornes solaires ont été installées dans des endroits stratégiques, comme le Grand Nord canadien et les forêts tropicales du Panama. Leur mission ? Capturer des images des insectes attirés par la lumière UV toutes les dix secondes. Cette innovation pourrait permettre de doubler la quantité de données sur la biodiversité collectées au cours des 150 dernières années dans un délai de deux à cinq ans.
Maxim Larrivée se réjouit : "Pour nous, cela ressemble à de la science-fiction", et il y a de quoi. Les données collectées serviront à développer des "outils d'aide à la décision" pour les gouvernements et les écologistes, afin de déterminer les meilleures stratégies de conservation et de restaurer la biodiversité.
Les insectes, souvent sous-estimés, constituent la moitié de la biodiversité mondiale et jouent un rôle essentiel dans l'écosystème. De la pollinisation à la décomposition des déchets, en passant par leur position primordiale dans la chaîne alimentaire, leur protection est cruciale.
David Rolnick, chercheur au Mila, l'institut d'intelligence artificielle du Québec, déclare : "C'est vraiment une avancée majeure dans l'observation de la biodiversité". Actuellement en phase de test, le modèle est open source et se concentre sur les papillons de nuit, un groupe particulièrement riche de plus de 160 000 espèces.
L'objectif est d'encourager tout un chacun à contribuer à l'enrichissement de la plateforme et à entraîner l'IA à reconnaître de nouvelles espèces. Avec plus d'un million d'insectes officiellement identifiés, les scientifiques estiment qu’il pourrait en exister jusqu'à dix fois plus.
Récemment, une station installée dans la jungle panaméenne a révélé l'existence de trois cents nouvelles espèces en une semaine, illustrant ainsi l'immensité des découvertes encore à faire.
Les chercheurs projettent même d’utiliser ce modèle pour identifier de nouvelles espèces marines ou déceler des insectes nuisibles dans le secteur agricole. À Montréal, l'Insectarium a déjà adopté des technologies éducatives innovantes permettant aux visiteurs de photographier des papillons en liberté et d'en apprendre davantage grâce à une application.
Ce projet est accueilli avec enthousiasme par les visiteurs. Camille Clément, une touriste française, s'exclame : "L'intelligence artificielle au service de l'écologie, c'est une avancée prometteuse, tant que c'est fait avec prudence". Julie Jodoin, directrice d'Espace pour la vie, insiste sur l'importance de la connaissance pour inciter les citoyens à changer leurs comportements envers la protection de la nature. Se prépare ainsi une révolution dans la manière dont nous observerons et protégerons la biodiversité.